mardi 8 mars 2016

Breitenfeld, 1631

Here is a (short) french account of the battle of Breitenfeld (sadly, only in french language !) :


La défaite générale de l’armée de l’Empereur commandée par le général Tilly, par le Roy de Suède.
Avec la prise de six vingts cornettes, soixante drapeaux, & vingt-cinq pièces de canon.
Ensemble la prise de la ville de Hal par ledit Roy, & la mort de Tilly.
A Paris, chez Jean Martin, sur le Pont Saint-Michel, à l’Anchre double.
Avec permission.

La défaite de quatorze mille hommes de l’armée de Tilly par le Roy de Suède.
Avec la prise de six vingts cornettes, soixante drapeaux, & vingt-cinq pièces de canon.

Nous avons maintenant ici des nouvelles qui nous contentent de telle sorte que je ne vous saurais exprimer la jouissance qu’elles donnent à tout le public, tant pour la victoire obtenue par les Hollandais sur les Espagnols, que pour la défaite de l’armée de Tilly par le Roy de Suède près Leipzig.
Ledit Roy ayant donc mis heureusement en état tous ses affaires, le treizième de septembre qui était un samedi, il passa le pont de Witemberg avec son armée, et sa campa demie lieue au delà de la ville. Le dimanche il logea son camp en la ville de Diebe, où sur le soir arrivèrent les deux Electeurs, de Saxe et de Brandebourg.
Ledit Roy demeura pour cette nuit en son camp, et lesdits seigneurs Electeurs furent logés dans la ville : mais ils ne se virent point pour ce soir là. Et l’armée Electorale se campa cette nuit à demie lieue de là.
Lundi de bon matin l’armée dudit Electeur se mit à marcher en fort bel ordre de bataille vers celle du Roy, alors ledit Roy et les Electeurs entrèrent en conférence tous à cheval.
Le Roy ayant donc visité l’armée dudit Electeur, il les mena tous deux dans son pavillon où fut tenu le conseil de guerre, et les armées firent halte jusque sur le soir, qu’elles commencèrent à marcher, sur les nouvelles qui arrivèrent que Tilly avait pris le bagage du colonel Bindau.
L’Electeur de Saxe donna les départements à l’armée suédoise, et promit aux gens de guerre qu’ils ne manqueraient point de vivres tant qu’ils séjourneraient dans son pays.
Le bruit s’épand partout que le Roy est entièrement résolu de donner bataille, et qu’à cette intention il s’achemine droit vers Tilly, sur cela quelques espions rapportent que Tilly était sur le point de reculer, les autres, qu’il se délibérait d’attendre le choc. Ce qu’entendu par le Roy, il lève les mains au ciel en disant aux Electeurs : Dieu le veuille bien inspirer d’attendre le combat. Lesdits Electeurs entendant la résolution du Roy, commencèrent à faire tous les meilleurs souhaits qu’ils peuvent, pour l’heureuse issue de son dessein, et sur cela ils se départirent.
Le 12 de ce mois ont été délivrés entre les mains de tous, des copies du traité de l’union dudit Roy et des Electeurs, le commandement et la direction de tout demeure audit Roy : l’armée duquel est de vingt-huit mille hommes, celle des Electeurs de vingt mille et dix mille Elus. L’Electeur de Saxe a donc maintenant trois puissantes armées dans son pays.
Le seizième de septembre, le comte de Tilly a pris par composition la ville de Leipzig, ayant accordé à ceux qui étaient dedans les conditions avantageuses qu’ils lui ont demandées, afin d’avoir promptement cette place à sa disposition, pour à quoi parvenir il n’a rien épargné, jusqu’à faire arrêter tous les courriers envoyés à ceux de la ville pour les assurer d’un prompt secours.
Il a donné à la garnison qui était en icelle, trois mille hommes pour la conduire à six lieues de là, et recommandé aux chefs dudit convoi de découvrir et reconnaître qu’elle brisée prenait le Roy de Suède. Mais ledit Roy a investi ce convoi, et taillé en pièces la plupart d’icelui.
Cela fait, l’armée suédoise renforcée de celle du duc de Saxe, est allée affronter celle dudit Tilly, étant encore logée entre ici et Leipzig. De sorte que le mercredi dix-septième elle a commencer à la charger, l’armée de l’Electeur ayant l’avant-garde. Mais d’autant que celle de Tilly est toute fondue sur elle, elle a été contrainte de se retirer. Toutefois quatre régiments, à savoir ceux des colonels Arnhem, Bindau, Taube et Vizetum, ont si magnanimement combattu et tenu ferme qu’en ce conflit ils ont perdu force gens.
Ce que le Roy de Suède ayant entendu, il est accouru au secours de ladite armée de Saxe, et après un furieux combat, qui a commencé le dix-septième de ce mois à neuf heures, et duré le jour et la nuit ensuivante.
Tilly enfin a été contraint de quitter la partie et se sauver voyant son armée mise en fuite, après avoir perdu quatorze mille des siens qui sont demeurés étendus sur le champ de bataille.
Ledit Roy de Suède et l’Electeur y ont perdu environ (six?) mille hommes. Ledit n’a pas encore été quitte pour cela, car en se sauvant à Hal, où il s’est retiré, les Suédois lui ont encore tué et pris prisonniers plusieurs.
On amène ici à toutes les heures du jour des prisonniers, entre lesquels se retrouve le duc de Holstein. Tout l’équipage dudit Tilly est demeuré aux Suédois en cette déroute, vingt-cinq pièces d’artillerie, six-vingts cornettes, et soixante drapeaux.
En somme on ne saurait donner de trop dignes louanges à ces victorieux, pour ne s’être ouï parler depuis cent ans d’une telle Tilly se retrouve tellement abattu et ruiné qu’il ne se peut guères davantage. Si le Roy ne se fût promptement avancé pour secourir l’armée de Saxe, elle courait fortune d’être défaite, ce qu’aussi prévoyait ledit Roy, il avait conseillé l’Electeur de mêler ses nouvelles bandes avec ses vieux régiments.
Or comme ce Roy est naturellement doué d’une magnanimité incroyable, après avoir rendu grâces à Dieu de cette signalée victoire, il a mené l’Electeur de Saxe au champ de bataille, et lui faisant voir le carnage de leurs ennemis étendus sur la place, il lui a demandé si cet ouvrage ne lui plaisait pas. Le Roy brûle de désir de poursuivre la victoire, se promettant bien de voir Tilly à la fin en sa puissance : et pour cet effet il a envoyé trois mille hommes pour investir la ville de Hal et occuper tous les passages.
On ne saurait assez dignement décrire la valeur que les Suédois ont fait paraître en ce furieux combat, dans lequel ils se sont fait voir des rochers à soutenir leurs ennemis et à les renverser.
Le Roy fait maintenant un mélange de ses troupes avec celles de l’Electeur. Il est tout présentement arrivé nouvelles que les Suédois ont pris la ville de Hal, et que sur cette nouvelle la garnison impériale qui était dans Leipzig a abandonné la ville.
On donne avis d’Anvers, que les Suédois et les Tilliens se sont choqués devant Leipzig, et qu’il en est demeuré beaucoup de part et d’autre sur le champ de bataille, qui est demeuré à la fin aux Suédois, lesquels ont défait 4 des meilleurs régiments dudit Tilly, à savoir ceux de Croneberg, de Schaumberg, du Coradin et de Cortembach, et qu’avec cela ils ont pris quelques pièces de canon. On dit que Tilly même est blessé d’une arquebusade au bras ; et que ceux de l’Electeur sont demeurés plusieurs personnes de considération.

On écrit de Cologne que la garnison que Tilly avait mise dans Leipzig, ayant su sa déconvenue en a délogé sans trompette, et laissé quatre cent mille livres que les habitants avaient promis pour leur rançon. Le comte Foucre en a fait autant de l’Abbaye de Fulde. On vient de recevoir avis que les Suédois ont pris Hal, et là dedans le général Tilly blessé à mort, lequel le Roy ayant fait venir devant lui, aurait expiré en sa présence.



Gustave-Adolphe à la bataille de Breitenfeld, par Johann Walter, 1632. Musée historique de Strasbourg.

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