samedi 7 septembre 2013

French army in 1552 - L'armée française en 1552


Voici une description complète de l'armée d'Henri II qui se présente devant la ville de Metz en avril 1552, selon François Bussy-Rabutin.

Here is a complete description of Henri II's army under the walls of Metz in april 1552, according to François Bussy-Rabutin. See the summary in english at end of the post.

Below : lansquenets / landsknechts around 1550-1555



« M. le connétable, paire de France, et conducteur de ses forces, s'avança devant à Victry, lieu ordonné, et aux environs, où s'amassaient de toutes parts gentilshommes et soldats, tant de cheval que de pied, et où étaient amenés vivres de tous les endroits du royaume. Sans les compagnies des Français naturels, levées selon les commissions que le Roi avoit fait distribuer à plusieurs capitaines, sans les autres que j'ai nommé dès Ie commencement, entretenues tant en les forts devant Boulogne qu'en Écosse, lesquelles étaient déjà en Champagne, il avoit fait descendre de ses pays de Piedmont environ vingt enseignes de vieilles bandes et vieux soldats, nourris et soudoyés, par paix et guerre, tant par le feu Roi que par lui, hommes aguerris, méritant le moindre titre de capitaines, bien  armés, braves, et en grand equipage, desquels je nommerais le nom des chefs, s'ils n'étaient assez connus, et que souvent ont été changés pour être élevés en plus hauts honneurs, ou sont depuis morts. Aussi ce ne serait que brouiller papier de choses ennuyeuses, que nous passerons légèrement pour en dire de meilleures. Suffit que toutes ces compagnies faisaient le nombre de dix à douze mille hommes. Davantage, en Provence, Languedoc, et toute Aquitaine, furent faites levées, selon les ordonnances et commissions du Roi, de trente cinq enseignes, dont une partie étaient gentilshommes puis-ainés et cadets de grosses maisons, prétendants par valeur et hardiesse de parvenir à honneurs et biens. Le reste étaient vieux soldats exercés en cet art, pour y être cette nation naturellement  encline. Et pouvait être le nombre de dix mille hommes ou plus ; étant le sieur de Chastillon, neveu de M. le connétable, général sur toutes ces compagnies d'infanterie, tant vieilles que nouvelles. Des Allemands et lansquenets le comte de Ringrave en avait deux régiments, de dix enseignes par regiment ; lesquelles étaient déjà assemblées à Vouy et Sourcy, gros villages près de Toul. Le comte Recroc en avait autant, lesquelles en ce temps n'étaient encore complètes, mais s'assemblaient ordinairement au Bassigny. Un autre capitaine allemand, nommé Chartel  (lequel autrefois avait eu conduite de gens de pied pour les villes protestantes contre l'Empereur) avait, comme l'on estimait, de trois à quatre mille lansquenets assez mal en ordre, mais gens de guerre par commune estimation, lesquels l'avaient toujours suivi en ces guerres, et derechef s'étaient retirés sous sa charge, abandonnant leurs biens et possessions pour le suivre : toutes lesquelles compagnies faisaient le nombre de quinze à seize mille hommes. 
Quant à la gendarmerie et cavalerie, y pouvait avoir quinze cents hommes d’armes, avec leur suite d’archers, deux mille chevaux légers et autant d’arquebusiers à cheval, desquels était général M. le comte d’Aumale, puis-ainé de la maison de Guise. 
(…) (Le Roi), avec les deux cents gentilshommes de sa maison, (…) des quatre cents archers de sa garde, Français et Écossais, et des deux cents Suisses ; les compagnies de messieurs le Dauphin, de Guise, d’Aumale, et maréchal Saint-André, faisants le nombre de quatre cents hommes d’armes, étaient aussi demeurées pour escorte et conduite de Sa Majesté.
Le lendemain le Roi partit de cette cité de Toul, accompagné de (…), avec quelques enseignes de Gascons, arrivées nouvellement. (…)
A un petit quart de lieue près de Metz, du côté de Pont-à-Mouson, en une plaine, estoit l’armée du Roi attendant sa venue, laquelle était l’une des plus belles que jamais prince chrétien mit ensemble (…). De ce que j’en dis j’appelle tous ceux qui l’ont vue à témoins, amis et ennemis.
Car, pour commencer premièrement à l'infanterie, il y avait trois bataillons carrés,  le premier desquels était des vieilles enseignes soudoyées et entretenues dès le temps du feu roi en ses guerres de Piedmont, de Champagne et de Boulogne, avec d’autres nouveaux capitaines dressés au commencement de ces guerres, sans y comprendre aucuns braves soldats et jeunes gentilshommes de maison, lesquels y étaient pour leur plaisir et sans solde du Roy, au complet, de quinze à seize mille hommes, desquels étaient de neuf à dix mille armés de corselets, avec les bourguignottes à bavières, brassards, gantelets et tassettes jusqu'au genou, portants long bois (piques), et la plupart le pistolet à la ceinture ; et cinq ou six mille arquebusiers, armés de jacques et manches de maille, avec les morions autant riches et beaux qu’est possible, l’arquebuse ou escopette luisante, polie et légère ; les fourniments fort exquis et braves ; le reste ayants armes selon la qualité des personnes. 
Le second bataillon était de Gascons, Armagnacs, Biscaiens, Bearnais, Basques, Perigourdins, Provençaux et Auvergnats, faisants montre de dix à douze mille hommes (35 enseignes), ayants la caire (physionomie) et le port de gens de guerre ; ce qui le fait croire est qu'ils sont exercés, et souvent à la fatigue et combat ordinaire avec leurs ennemis, tant par terre que sur la marine ; desquels il y pouvait avoir de huit à neuf mille portants long bois, armés de corselets et halecrets, et deux ou trois mille arquebusiers, avec mailles et morions. 
Le troisième était d’Allemands, en nombre, comme j’estime, de sept à huit mille (2 régiments de 10 enseignes chacun), desquels était colonel le comte Rhingrave, gens de guerre et assurés, comme faisaient connaître à leur ordre et marche de bataille, assez bien armés à leur mode, autant les piquiers qu’arquebusiers.
Quant à la gendarmerie et cavalerie, elle était ordonnée  par rangs sur les flancs de ces bataillons, et y pouvait avoir mille ou onze cens hommes d’armes avec la suite d’archers ; les hommes d’armes montés sur gros roussins ou coursiers du royaume, turcs et chevaux d’Espagne, avec les bardes peintes des couleurs des sayes que portaient les capitaines, armés du haut de la tête jusqu’au bout du pied, avec les hautes pièces et plastrons, la lance, l’épée, l’estoc, le coutelas ou la masse, sans encore dénombrer leur suite d’autres chevaux sur lesquels étaient leurs coustiliers et valets, et, sur tous, paraissaient les chefs et membres de ces compagnies, et d’autres grands seigneurs, armés fort richement de harnois dorés et gravés en toute sorte ; leurs chevaux, forts et adroits, hardés et caparaçonnés de bardes et lames d’acier légères et riches, ou de mailles fortes et déliées, couvertes de velours, draps d’or et d’argent, orfèvreries et broderies en somptuosité indicible ; les archers armés à la légère, portants la demie lance, le pistolet à l’arçon de la selle, l’épée ou le coutelas, montés sur cavallins et chevaux de légère taille, bien remuants et voltigeants, entre lesquels, selon le pouvoir que chacun se sentait avoir, n’était rien oublié qu’il ne fût déployé pour se faire paraître et voir à qui mieux mieux. 
Quant à la cavalerie légère et arquebuserie à cheval, il y pouvait avoir près de deux mille chevaux légers, lesquels étaient armés à la légère de corselets, brassards et  bourguignottes, la demi lance, ou le pistolet ou le coutelas, si bon leur semblait, ou l’épieu gueldrois, montés sur cavalins, doubles courtauds ou chevaux de légère taille et vifs. 
Des arquebusiers à cheval, il y en avait de douze à quinze cents, armés de jacques et manches de maille ou cuirassines, la bourguignotte ou le morion, l’arquebuse de trois pieds de long à l’arçon de la selle, montés sur bons courtauds, chacun selon sa puissance ; étant M. d’Aumale général sur toute ladite cavalerie légère. 
Il y avait aussi de trois à quatre cents Anglois, lesquels étaient partis de leur pays à la conduite d’un milord, pour venir à la guerre pour leur plaisir, sans commandement, comme je crois, de leur Roi ; desquels la plupart était à cheval sur guildins (chevaux hongres) et petits chevaux vifs et prompts, sans être fort armés, vêtus de jupons courts, avec le bonnet rouge à leur mode, et la lance comme une demie pique, dont ils se savent fort bien aider, et sont bons hommes, qui vont de savoir et adresse à la guerre, comme l’ont éprouvé ceux qui y ont été avec eux. (…)
Sa Majesté (…) fut salué de son artillerie, (…) savoir de seize grosses pièces, canons et doubles canons, six grandes et longues couleuvrines, six moyennes et douze bâtardes et deux paires d’orgues, étrange et nouvelle façon d’artillerie, (…) étant le sieur d’Estrée grand-maître et général  sur toute ladite artillerie.
Le dix-huitième d’avril, le Roi après un peu avoir considéré et visité le dehors de la ville de Metz, entra par la porte Champenoise (…), les clairons et trompettes sonnants, avec les blasons et armoiries de France, les heraults d’armes vestus de leurs cottes de velours cramoisi azuré, semées de fleurs de lys ; les deux cents Suisses marchants en bataille des premiers (…) ».

In other words : 

Household / Maison du Roi :
- 200 gentilshommes de la maison du roi (household) 
- 400 cents archers de sa garde (archers of the guard), Français et Écossais 
- 200 Suisses (of the guard)
- and 400 men at arms from the companies of : Dauphin, de Guise, d’Aumale, maréchal Saint-André

Infantry in 3 squared battalions :
- First battalion of vieilles bandes (old bands) from Piedmont, Champagne and Picardie :  9 to 10 000 pikemen with bourguignotte, corselet, tassettes, pike and some with pistols, and 5 to 6 000 arquebusiers wearing morion, jacque and mail
- Second battalion of Gascons, Armagnacs, Biscayens, Béarnais, Perigourdins, Auvergnats    8 to 9 000 pikemen in corselet and 2 to 3 000 arquebusiers with morion and mail
- Third battalion of Rheingrave landsknechts : 7 to 8 000 pikemen and arquebusiers

Cavalry :
- 1000 to 1100 men at arms of the ordinance companies on barded horses with their archers in livery (2000 to 2200 archers) without counting valets and coustilliers
- 2000 chevau-légers armed with demi-lance and pistol, corselet, brassards and bourguignotte
- 1200 to 1500 mounted arquebusiers armed with arquebus, bourguignotte, jacque and mail
- 300 to 400 english light horsemen, wearing red cap and demi lance

Artillery :
- 16 canons and double canons
- 6 couleuvrines
- 6 moyennes or bâtardes (sakers)
- 2 organ guns





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