lundi 18 mars 2013

Battle of Wittenweier, 9 of august, 1638

La bataille de Wittenweier réunit un des plus grands généraux allemands (Bernard de Saxe-Weimar), et deux des plus grands généraux français de la guerre de Trente ans (Guébriant et Turenne).
L'armée franco-weimarienne de Bernard, Guébriant et Turenne affronte l'armée Bavaroise et Impériale de Götz et Savelli sur les bords du Rhin.

The Battle of Wittenweier meets one of the largest German generals (Bernard of Saxe-Weimar), and two of the greatest French generals of the Thirty Years War (Guébriant and Turenne).

The Franco-Weimarian army of Bernard and Turenne Guébriant faces the Bavarian army and Imperial Götz and Savelli on the Rhine.

« Il y avait longtemps que le duc de Weimar cherchait l’occasion pour attirer le général Goetz en campagne, et de le voir en état de combattre. Il apprit dans Fribourg le 5 août que ce général était résolu de faire entrer grande quantité de vivres dans Brisach, tant par terre que par bateaux, et qu’à cet effet le duc de Savelli l’avait joint avec 2000 chevaux et 2000 hommes de pied. Ce qui l’obligea de venir camper près de Kenzingen, à six lieues de Fribourg, moitié chemin d’Ossembourg à Brisach, et de joindre aussi à son armée les troupes françaises du comte de Guébriant et celles du vicomte de Turenne, qui consistaient en 1400 hommes de pied et 4 ou 500 chevaux. Et suivant le dessein qu’il avait sur cette place de Kenzingen, qu’il était allé reconnaître dès le 7, il donna l’ordre en même temps au comte de Guébriant de s’avancer avec une grande partie de l’armée, et se saisir du poste de Molberg. Étant donc à cheval avec six régiments de cavalerie commandés par le général Dubatel (Taupadel) et 2000 hommes de pied, pour reconnaître encore plus la place, et ordonner les lieux par où elle devait être attaquée, il reçu avis que l’armée ennemie devait le lendemain arriver près du Rhin, et finalement que toutes les troupes de cavalerie et infanterie étaient à Schuteren, qui n’est quà une lieue et demi de Molberg. Après avoir un peu reposé à Kenzingen, il en partit sur la nuit, et fit avertir le vicomte de Turenne de tenir toutes choses prêtes pour marcher vers Molberg où il fut le lendemain au point du jour, et y trouva les troupes du comte Guébriant toutes disposées, de sorte qu’en même temps il marcha contre les ennemis en bel ordre de bataille.
Les ennemis ayant été découverts par notre avant-garde commandée alors par le vicomte de Turenne, gagnèrent le haut d’une montagne qui était au-delà d’une petite rivière, et avaient aussi devant eux un village assis au pied de la montagne, où étaient une forte église, et quelques maisons de défense, avec les avenues qui se trouvaient avantageuses pour eux, de sorte qu’ils mirent en batterie leurs canons, qui consistaient en onze pièces, les unes de 24 livres de balle, et les moindre de 6 livres. Ils prétendaient par ce moyen d’éloigner les nôtres, et d’empêcher le duc de Weimar de se mettre en bataille si proche d’eux. Ce qui témoignait qu’ils n’avaient pas grande envie de combattre. mais les nôtres étaient en impatience d’en venir aux mains. De fait quelques Français ayant été commandés de reconnaître les avenues, poussèrent si avant, que s’étant exposés au canon des ennemis, 100 ou 120 demeurèrent sur la place. Le duc de Weimar voyant que les ennemis s’étaient mis en lieu de sûreté, et qu’il ne lui était pas possible de les en déloger, après avoir répondu de son canon, qu’il avait mis en batterie sur une montagne opposée à celle que les ennemis avaient occupée, pensa désormais à la retraite, qu’il fit en bon ordre, et reprit son premier poste à Molberg, où l’arrière-garde conduite alors par le comte de Guébriant arriva sur les quatre heures du soir.
L’ennemi partit de ce poste dès la pointe du jour, et le duc de Weimar l’ayant crû de la sorte, bien que les rapports qu’on lui  en faisait fussent différents, avait commandé que chacun pensât à se rafraîchir, pour être prêt au premier commandement, tellement que le 9 août il envoya vers le Rhin les régiments d’Ohm, rosen, Nassau et Podebus (Potbus), et ne tarda guère à les suivre.
La marche de son armée était en cet ordre. L’avant-garde commandée par le comte de Guébriant était composée de 5 bataillons d’infanterie au milieu de 14 escadrons de cavalerie, savoir 7 à sa droite et autant à sa gauche. le régiment de Dubatel (Taupadel) composait les deux premiers et plus avancés escadrons de la droite. À leur gauche étaient deux escadrons de Schen (Schon), et à la gauche ceux de ceux-ci deux autres de Calembach (Caldenbach), fermés par un escadron de Retachau (Rotenhan), qui avait à sa gauche l’infanterie, savoir le régiment de Rebé, et à la gauche de celui-ci le régiment de Boyon (Bovyon), puis ceux de Vandy et Sauveboeuf, celui de Sinot fermé par celui de Schomberg, qui avait à sa gauche 2 escadrons de Podebus (Potbus), ceux-ci trois de Rose (Rosen), fermés par deux de Nassau. Tout cela ne composait que la première ligne.
Sur la seconde étaient, pour l’arrière-garde commandée par le vicomte de Turenne, 8 escadrons de cavalerie, et au milieu d’eux, 3 bataillons d’infanterie. Le premier de ces escadrons était Kanofski (Kanoffsky), les trois de sa gauche ceux de Schmidberg, et à la gauche de ceux-ci le régiment de gens de pied de Vernancourt, et à la gauche de de celui-ci le régiment de Forbus, qui avait les Liégeois à la sienne, et ceux-là avaient encore à leur gauche 3 escadrons fermés par celui de Wittersheim.
Le corps de bataille était composé de deux escadrons d’Ohem (Ohm), et le tout faisait 24 escadrons de cavalerie et 8 bataillons d’infanterie, outre les troupes de réserve commandées par Canofsi (Kanoffsky).
Les impériaux combattirent pour leur part avec 24 escadrons de cavalerie et 11 bataillons d’infanterie, qui étaient les uns et les autres plus forts que les nôtres de 3 à 4000 hommes.
Notre armée marcha durant deux heures en des chemins couverts, et en bon ordre ; après quoi elle fit rencontre de l’avant-garde de l’ennemi. le duc de Weimar avait déjà pris l’aile gauche à conduire laissant la droite au comte de Guébriant, auquel il demanda de détacher les enfants perdus, et de mettre l’avant-garde en bataille. On fit jouer le canon de  part et d’autre, qui donnait dans les escadrons et bataillons opposés. Ensuite de quoi commença la mêlée à une heure après midi, et l’avant-garde de l’ennemi fut rompue au premier choc de droite et de gauche, ayant été renversée dans un grand fossé qu’elle avait derrière soi, elle y laissa 7 pièces de canon, deux desquelles étaient de 24 livres de balle, et le duc Savelli, qui la commandait, ne tint pas plus ferme que les autres, mais courut grande fortune d’être pris pour une troisième fois, et fut ensuite blessé de deux coups de pistolet dans les reins.
L’arrière-garde des ennemis, commandée par le général Goetz, témoigna beaucoup plus de courage et de valeur, elle traversa toute la forêt, et surmontant l'âpreté des chemins, vint rencontrer les nôtres par le côté ou Dubatel (Taupadel) et Schem (Schon), qui avaient changé leur ordre et pris rang dans l’arrière-garde, furent contraints de plier, Dubatel (Taupadel) combattant vaillamment, après avoir rompu les régiments de Goetz par trois fois, fut fait prisonnier. Le vicomte de Turenne, se mêlant l’épée au poing parmi les ennemis, ne laissait pas de donner les ordres par tous les rangs des siens, dont était le régiment de Vernancourt, qui fut défait, et le colonel pris pas ses ennemis, au pouvoir desquels demeurèrent quelques canons des nôtres, jusqu’à ce que le duc de Weimar ayant tourné tête de ce côté-là, avec le comte de Guébriant, le colonel Schomberg  et aucuns des plus résolus qui se trouvèrent près de lui, fondit sur cette arrière-garde.
Ce fut lors que le combat fut opiniâtreté plus que devant, et la victoire demeura incertaine pendant cinq heures parmi les bons succès des uns et des autres. Tous nos escadrons, voire l’armée entière, furent plusieurs fois à la charge. L’infanterie qui eut l’honneur d’être commandée par le duc de Weimar en personne, témoigna une grande fermeté, et les plus tardifs des mousquetaires y firent leur décharge six ou sept fois, le combat ayant duré jusqu’à la nuit, qui donna moyen aux ennemis de se retirer, après avoir perdu leur champ de bataille, comme ils avaient abandonné leur poste à la première rencontre des nôtres.
Après la bonne conduite et le courage du duc de Weimar, qui assembla plusieurs fois les cavaliers, les mena à la charge, et la digne assistance du vicomte de Turenne et du comte de Guébriant, presque tous les officiers de l’armée, Français et Allemands, rapportèrent sur eux, ou sur leurs chevaux marques honorables du service qu’ils avaient rendu.
Les ennemis y perdirent près de 2000 hommes morts sur place, où étaient plusieurs chefs et officiers, outre quantité de blessés, 1200 ou 1500 prisonniers, parmi lesquels on a compté près de 200 officiers, hauts ou bas. Toute leur artillerie consistant en 11 pièces, tant grosses que petites, avec deux gros mortiers, le bagage, 5500 sacs de blé, quarante milliers de poudre, et 84 cornettes ou drapeaux, dont les devises principales se voient en l’Extraordinaire du 23 septembre, avec 2 ou 3000 chariots, demeurèrent au pouvoir du vainqueur. (…)
Le duc de Weimar après avoir été deux jours sur le champs de bataille, près Wittenweier, en partit le 11 août, et ne perdit que 500 soldats, ou cavaliers, avec quelques officiers, entre autres le colonel Sinot Irlandais. Le comte Guillaume Otho de Nassau, et les colonels Rose (Rosen) et Rotenhan furent fort blessés. Il y eut fort peu de prisonniers de sa part, les seuls considérables desquels furent le général major Dubatel (Taupadel) et son maréchal des logis. Il y perdit aussi pendant la mêlée avec Goetz combattant avec l’arrière-garde, 8 cornettes et 14 drapeaux. Après la bataille, le colonel Ohm Suédois, avec quelques escadrons de cavalerie, se mit à poursuivre les fuyards, et le duc de Weimar avec son infanterie et 4 escadrons de cavalerie se présenta devant Kenzingen.  » 
(Source : Mercure Français de 1638)


Les contingents du comte de Guébriant et du vicomte de Turenne :

État des troupes que le Roy fait passer présentement en Allemagne, sous le commandement du sieur de Guébriant Maréchal de Camp, pour fortifier l’armée de Monsieur le Duc de Weimar, le 13 mars 1638.



Le régiment de Vandy de 20 compagnies sans comprendre les recrues         700 hommes
Le régiment de Rébé aussi de 20 compagnies, sans comprendre les recrues 700
Celui du sieur de Sauvebeuf Maréchal de Camp                         600
Celui de Cargret de 12 compagnies                         600
Celui du colonel Schmidberg, composé de 15 compagnies      1200
Les nouvelles levées dudit sieur Schmidberg              1000
Le régiment de Sinot Irlandais                                300
Des troupes qui sont en Alsace                        300
Total desdites troupes                                     5400 hommes

Les régiments amenés par le vicomte de Turenne sont les régiments de Bovyon et de Vernancourt composés de 1500 hommes de pied et 800 chevaux liégeois. Mais ils seront moins de 1400 hommes de pied et moins de 500 chevaux le jour de la bataille.


Ci-dessous : représentation de la bataille de Wittenweier selon le Theatrum Europaeum. L'ordre de bataille franco-weimarien est faux, le graveur n'ayant représenté que les troupes weimariennes.

Below : drawing of the battle of Wittenweier according to the Theatrum Europaeum. The order of battle of the franco-Weimarian army is false, the engraver having represented only the weimarian troops.



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