Voilà une nouvelle relation de la bataille, extraite de l'Histoire de Guébriant :
Here is a new account of the battle, from the Histoire de Guébriant :
« Le duc de Weimar quitta Kenzingen (…) ; il trouva le comte de Guébriant en armes au point du jour tout prêt à marcher avec lui contre les ennemis qui gagnaient toujours chemin pour éviter le combat. Toutefois Goetz s’était vanté que nous ne l’osions attaquer, nous le découvrîmes après une heure de marche, aussitôt il chercha un lieu avantageux pour poster son armée, et gagna le haut d’une montagne, qui était au-delà d’une petite rivière qui faisait un marais entre lui et nos gens. Il s’aida encore d’un village assis dans le pied de la montagne, dont l’église était forte et quelques maisons de défense, pour empêcher les approches de son camp. Il mit son canon en batterie et fit toutes les contenances d’un homme résolu au combat ; mais c’était témoigner en effet n’en avoir pas beaucoup d’envie, que de chercher tant d’avantages, et de ne nous pas attendre dans la plaine où nous ne les pouvions attaquer à forces égales ; puisqu’il avait 18 000 hommes, et nous 14 000 seulement.
C’était assez pour ce jour d’avoir contraint l’ennemi à chercher un lieu de sûreté, que nous ne pouvions approcher, il lui fallut donner le loisir de déloger pour le rejoindre autre part, et pour cela l’on partit à midi pour se retirer à Molberg, où le comte de Guébriant qui était en son jour de commander l’arrière-garde, arriva sur les quatres heures du soir en si bon ordre, qu’il ne perdit pas un seul homme, aucun des Impériaux n’ayant osé désemparer pour nous donner en queue.
Le lendemain nos coureurs rapportent nouvelles de leur délogement et dès l’heure le duc de Weimar fit monter à cheval les régiments d’Ohm, Rosen, Nassau et Podebus (Potbus), pour aller en toute diligence à la découverte des ennemis vers le Rhin, et marcha après avec le reste de l’armée. Le comte de Guébriant qui conduisait l’arrière-garde la disposa de 5 bataillons d’infanterie, au milieu de 14 régiments (escadrons) de cavalerie, 7 à droite et 7 à gauche pour la première ligne. Le vicomte de Turenne menait la seconde ligne composée de 8 escadrons de cavalerie et de 3 bataillons d’infanterie. Le corps de bataille n’était que de 2 escadrons d’Ohem (Ohm) seulement. En cet ordre ils marchèrent deux heures par des chemins couverts jusqu’en la plaine de Werthenwiel, où ils surprirent l’ennemi, qui n’eut que le loisir de se préparer au combat.
Le duc de Weimar donna l’aile droite au comte de Guébriant et prit la gauche pour lui. Le canon avancé de part et d’autre fit grand escarre contre les bataillons ; mais ils n’en furent pas moins ferme, et la mêlée étant commencée, les nôtres y entrèrent avec tant d’ardeur et d’obstination sous la conduite du Duc et du comte de Guébriant, qu’ils enfoncèrent l’avant-garde impériale de droite et de gauche, et la renversèrent dans le fossé qu’elle avait derrière soi. Le duc Savelli qui la commandait fut mis en déroute sans se pouvoir rallier, et 7 pièces de canon prises, 2 desquelles étaient des 24 livres de balles.
Notre arrière-garde n’eut pas d’abord le même succès, elle reçu esclandre aux premières approches, nonobstant la brave résistance du vicomte de Turenne qui la commandait, et du général major Taupadel, qui fut fait prisonnier après avoir trois fois repoussé son régiment. Le vicomte de Turenne fut en pareil dangers, mais l’arrivée du duc de Weimar et du comte de Guébriant sauva le reste des siens, et lui apporta sa part de leur bonne fortune. Ils vinrent fondre sur Goetz après avoir taillé en pièce tout ce qui restait de l’avant-garde du duc Savelli, et leur présence et leur exemple donnant de nouvelles forces à nos soldats, ils les suivirent au milieu des plus épais bataillons de l’ennemi, qui de son côté fit tout le devoir possible pour conserver son premier avantage de ce côté-là, et demeura si ferme sur l’éminence de laquelle il combattait, que le duc et le comte jugèrent bien qu’il serait mal-aisé de l’en déloger de force sans grande perte et sans hasard puisqu’ils eurent recours aux stratagèmes.
Le comte de Guébriant lui fit trouver bon celui-ci, d’envoyer dans la forêt prochaine nombre de cavaliers avec des tambours et des trompettes. Ce conseil eut l’effet qu’il s’en était promis, car les ennemis quittant peu à peu leur tertre pour tourner du côté du bruit, les nôtres s’en saisirent, comme aussi quelques pièces d’artillerie, mais avec tant de précipitation, qu’ils ne s’aperçurent pas qu’en même temps les Impériaux se trouvèrent maître de canon. Ce balancement d’avantage donna de nouvelles ardeurs à l’un et à l’autre parti, nos ennemis qui avaient peu auparavant fait tous les efforts pour démonter notre artillerie, furent bien aises d’avoir manqué leur dessein pour s’en servir contre nous-mêmes, qui les battions avec les boulets d’Autriche et de Bavière de dessus leur propre éminence, d’où nous les chassâmes à pied. Enfin le jour finissant, leur ardeur se ralentit avec le soleil, la cavalerie plia, l’infanterie fut aussitôt rompue entièrement, et toute l’armée entière mise en déroute, chacun cherchant son salut dans le plus épais du bois où ils furent poursuivis, tant que le jour permit aux nôtres de les découvrir dans cette obscurité, que la nuit aida encore de ses ténèbres pour les dérober à la chaude poursuite des nôtres.
La bataille dura sept heures entières, et le plus grand effort se fit contre Goetz, qui se pût longtemps flatter de l’espérance de l’emporter, non seulement sur notre arrière-garde, qu’il avait accablée avec de plus grandes forces, mais contre toute notre armée, qui fut trois fois à la charge sans grand progrès, avant l’invention du stratagème du comte de Guébriant. Nous y perdîmes 900 hommes et plusieurs des nôtres remportèrent des marques honorables de leur devoir. Les plus signalés des blessés furent le comte de Nassau et le colonel Rotenhan. Le duc de Weimar et le comte de Guébriant firent merveille, tant à la conduite de l’avant-garde contre Savelli qu’ils défirent d’abord, qu’au retour pour le secours de l’arrière-garde contre Goetz, ou le vicomte de Turenne courut tous les dangers de la guerre avec le général-major Taupadel, dans la généreuse résolution de vaincre ou de mourrir. Du côté des ennemis il y eut perte de 4400 morts sur le champ, et entre eux plusieurs officiers, l’on fit 1300 prisonniers, et les deux camps de Goetz et Savelli nous demeurèrent avec 11 pièces de canons, 2 mortiers, 45 cornettes, 38 drapeaux, près de 3000 chariots, tout le bagage et les munitions, et avec cela 5500 sacs de blé qu’ils avaient ramassés avec beaucoup de peine pour jeter dans Brisach, voiture funeste pour eux, qui nous donna une victoire très importante, et d’autant plus signalée, que nous les attaquâmes avec un tiers moins de leurs forces, et en cela plus glorieuse, qu’elle eut une suite très fortunée.
Le duc de Weimar ne se priva point de la gloire que cette victoire lui acquit, encore qu’il en donnât l’honneur au comte de Guébriant. Il l’embrasse devant toute l’armée, il le loua hautement des grands devoirs qu’il avait rendu en cette occasion. »
(Source : Histoire du Maréchal de Guébriant)
Ci-dessus : carte réalisée d'après / map according to Mercure Français, Theatrum Europaeum, Heilmann, Guthrie.
L’armée bavaroise et impériale à Wittenweier
Götz avait autour de 12 000 bavarois (à peu près 6800 fantassins et 5200 cavaliers) et Savelli lui a apporté 4000 impériaux (2000 fantassins et 2000 cavaliers).
Après avoir partagé l’armée, l’avant-garde de Savelli compte 8200 hommes et l’arrière-garde de Götz 8000 hommes.
1- L’avant-garde de Savelli (4200 fantassins et 4000 cavaliers) :
Troupes impériales de l’avant-garde : régiment d’infanterie Waldstein (Wallestein), deux compagnies de Caretto, une compagnie d’Hindersheim (Henderson ?), 5 compagnies d’Enkenvoirt (Enkefort ?), recrues de Bourgogne, Lamboy (cuirassiers), Metternich (cuirassiers), Schönsal (Seneschal ? cuirassiers), Weyer (cuirassiers), Sperreuter (cuirassiers), dragons de Crazische (Kratz), dragons de Gallas, recrues de Wevin et Ricola.
Troupes bavaroises de l’avant-garde : régiments de cavalerie de Meissinger, Limpach (Limbach), Wartenberg, Neu-Wert, Neuneck et régiments d’infanterie Stefan Albert, de Buich (de Puech ?) et Schnetter.
L’artillerie de Savelli compte 3 faucons et 2 demi-canons (de 24 livres).
2- L’arrière-garde de Götz (4600 fantassins et 3400 cavaliers) :
Régiments d’infanterie bavarois Reinach, Götz, Edlinstetten, Hasslang et Metternich.
Régiments de cuirassiers Götz, Horst, Gayling, et Kolb ; régiments d’arquebusiers Alt-Wert et Truckmüller.
Les régiments Harthausen, Metternich, Vehlen et Redetti n’ayant ensemble pas plus de 150 chevaux.
Artillerie et train : 8 demi-canons, 4 demi-couleuvrines, 15 faucons et fauconneaux, 3 mortiers.
Source : Heilmann - Kriegsgeschichte von Bayern Franken et W. P. Guthrie.
Source : Heilmann - Kriegsgeschichte von Bayern Franken et W. P. Guthrie.
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