vendredi 14 décembre 2012

Bataille de Guinegatte - battle of Guinegatte - 16 août 1513


La bataille de Guinegatte selon L'Histoire de Louis XII de Martin du Bellay :
The battle of Guinegatte according of the History of Louis XII, by Martin du Bellay

« Peu de temps après (que le roi d’Angleterre ait mis son camp devant Terouenne et fut trouvé l’Empereur Maximilien à Saint-Omer), les garnisons de Monstreuil & autres voisines, et entre autres, la compagnie de Monseigneur de Vendôme, conduite par le Seigneur de Mouy, celle du duc d’Alençon, par François de Silly, le Seigneur d’Imbercourt, celle du Seigneur du Plessis Dassé, etautres, jusqu’à quatre cents hommes d’armes, avertis qu’il devait partir un grand ravitaillement de Guines, pour mener au camp devant Terouenne, l’allèrent attendre près d’Ardres, et ayant rencontré les coureurs des Anglais, les chargèrent et les défirent. Mais la troupe ne se sentant assez forte, se ferma du charroi, ayant farci toutes les avenues d’archers. De sorte que notre gendarmerie les ayant chargé par plusieurs fois, ne les su enfoncer, à cause dudit charroi. Tellement qu’après avoir longtemps combattu, ils se retirèrent, toujours fermés de leur dit charroi, jusque dedans Ardres, qui était par nous abandonnée. Et nous retirâmes à Boulogne, ayant perdu beaucoup de gens de bien. Et entre autres, le Sieur du Plessis, qui fût frappé d’une flèche par le gousset, en levant le bras pour combattre, et y eut grande perte de chevaux, de coups de flèches.
Dedans Terouenne le Roy avait ordonné pour ses lieutenants généraux de même puissance et autorité deux gentils capitaines, savoir est le seigneur de Teligny, Sénéchal de Rouergue, avec cent hommes d’armes de la compagnie de Charles duc de Gueldres, dont il était lieutenant, et Messire Antoine de Crequy, Seigneur de Pontdormy, frère puîné du seigneur de Crequy, avec autres cent hommes d’armes de Monsieur de la Gruture nouvellement décédé, étant lors de son trépas Gouverneur de Picardie. Et avait le dit de Pontdormy la dite compagnie en garde. Aussi y était le seigneur de Sercu, ayant la charge de cinq cents hommes de pied, le seigneur de Hely cinq cents, le seigneur de Bournonville, cinq cents, le capitaine Brandhec, Allemand, cinq cents lansquenets.
(…)
Le Roy ayant entendu la nécessité de vivres, en laquelle se commençaient à trouver ceux de Terouenne, pour déjà avoir été assiégés six ou sept semaines, délibéra de leur faire bailler quelques rafraîchissement, attendant que son armée fût assemblée, pour du tout les aller secourir. Et déjà avait eu nouvelles que le duc de Suffolk, de la blanche rose, lequel de longtemps avait été fugitif d’Angleterre, lui amenait six mille lansquenets. À cette cause, le Roy avait mandé au Seigneur de Piennes, Gouverneur de Picardie, et son Lieutenant général en l’armée, qu’il assemblait à Blangy en Artois près de Hesdin, de trouver le moyen de faire ledit rafraîchissement. Le Seigneur de Piennes, avec l’opinion des Capitaines étant avec lui, tels que le Duc Louis de Longueville, Capitaine de cent gentilshommes de la Maison du Roy, le Seigneur de La Palisse, grand Maître de France, le Seigneur d’Imbercourt, le Capitaine Bayard, le Baron de Beard, Messire Emar de Brie, le Seigneur de Bonnivet, le Seigneur de Bonneval, le Seigneur de la Fayette, lieutenant de la compagnie de l’Admiral de Graville, la compagnie du Seigneur Jules de Saint-Severin, le Seigneur de Malebert, Lieutenant du Comte de Guise de Lorraine, le Seigneur de Clermont d’Anjou, lieutenant du Duc d’Angoulême, Nicolas, Seigneur de Mouy, Lieutenant de Monseigneur de Vendôme, François de Silly, Baillis de Caen, Lieutenant du Duc d’Alençon, & autres capitaines de gens d’armes, avec le Seigneur de Fontrailles, Capitaine général des Albanais, conclut d’envoyer le dit Fontrailles avec ses Albanais, portant chacun Albanais sur le col de son cheval un côté de lard, & de la poudre à canon, lesquels devaient donner jusqu’au bord des fossés de la ville, et jeter ledit lard, et poudre, en lieu où nos gens à la garde de leur arquebouzerie, & artillerie, le pussent sûrement retirer dedans la ville. Et que pendant ce temps, les dits Seigneurs de Piennes, et de La Palisse, avec quatorze cents les suivraient, jusque sur le haut de Guinegatte, pour les soutenir. chose qui fut exécutée par les dits Albanais, bien et dextement ; Et étaient allez plusieurs hommes pour leur plaisir quand à eux, qui entrèrent dedans pour visiter leurs amis, en espérance de ressortir, mais ils n’eurent le moyen. Entre autres, y étaient le Seigneur d’Anton, seul fils de Monseigneur de Boschaige, le Seigneur de la Roche du Maine, Jean de Mouy, Seigneur de la Mailleraye, l’Ecuyer Boucar, la Roche Hesmon, la Roche Sendry et plusieurs autres.
Ayant exécuté ce qu’ils avaient entrepris, le Seigneur de Piennes fut d’avis de se retirer, mais quelques jeunes hommes eurent envie d’aller reconnaître le camp de l’ennemi, autres pour la grande chaleur qu’il faisait, car c’était la mi-Août, se voulurent rafraîchir, ôtant leurs habillements de tête, montant sur leurs haquenées, & buvants à la bouteille, n’ayant égard à ce que pouvait faire l’ennemi, & montrant peu d’obéissance à leur chef. Mais cependant qu’ils s’amusaient à leur plaisir, l’ennemi ne dormi pas; car il fit partir de son camp quatre ou cinq mille chevaux, et le nombre de dix à douze mille hommes de pied, tant lansquenets qu’Anglais, et sept ou huit pièces d’artillerie de campagne. Lesquels passants la rivière du Lys, près de Dellette, vinrent attendre nos gens au passage de la rivière qui passe à Huchin. Auquel lieu se trouvant notre cavalerie en désordre, devant qu’ils eussent loisir de monter sur leurs grands chevaux, & prendre leur habillement de tête, furent mis en tel désordre, qu’il se trouva peu des nôtres, qui eussent le moyen de combattre. Et parce que les éperons servirent plus que l’épée, fut nommée la journée des éperons. En la dite route furent pris le Duc Louis de Longueville, le Seigneur de la Palisse (mais il fus rescous), le capitaine Bayard, le Seigneur de Clermont d’Anjou, Lieutenant de Monseigneur d’Angoulême, le Seigneur de Bussy d’Amboise, et plusieurs autres, tant Capitaines que soldats. »



D'après ce récit, l’armée française aurait compté, le 16 août 1513 (entre parenthèse, le nombre supposé d'hommes d'armes et d'archers par compagnie) :

According to this account, the French army would have counted, August 16th, 1513 (in brackets, the expected number of men at arms and archers per company):


Dans Therouanne :
- Compagnie de Charles duc de Gueldres commandée par le seigneur de Teligny, Sénéchal de Rouergue : 100 hommes d’armes (et 200 archers ?) ;
- Compagnie de monsieur de Gruture (Jean de Bruges, seigneur de Gruthuse), commandée par Antoine de Crequy, seigneur de Pontdormy : 100 hommes d’armes (et 200 archers ?) ;
- Compagnie du seigneur de Sercu : 500 hommes de pied ;
- Compagnie du seigneur de Hely : 500 hommes de pieds ;
- Compagnie du seigneur de Bournonville : 500 hommes de pied ;
- Compagnie du capitaine Brandhec, Allemand, 500 lansquenets.

Armée du Seigneur de Piennes, gouverneur de Picardie, lieutenant général du Roi : 1400 hommes d’armes, quelques centaines d’Albanais, (plus 2800 archers ?).

- Duc de Longueville, capitaine des 100 gentilshommes de la Maison du Roi
- Jacques de Chabannes, seigneur de la Palisse, Grand Maître de France : (100 hommes d’armes et 200 archers) ;
- Compagnie de louis de Halvin, seigneur de Piennes, gouverneur de Picardie : (60 hommes d(armes et 120 archers).
- Compagnie du seigneur d’Imbercourt : (40 hommes d’armes et 80 archers ou 100 hommes d'armes et 200 ?) ;
- Compagnie du Capitaine Bayard (ou Compagnie du duc de Lorraine commandée par Bayard) : (100 hommes d’armes et 200 archers ?) ;
- Compagnie du Baron de Beard  : (100 hommes d’armes et 200 archers ?) ;
- Compagnie d’Emar de Brie, Seigneur de Bonnivet  : (100 hommes d’armes et 200 archers ?) ;
- Compagnie du Seigneur de Bonneval  : (100 hommes d’armes et 200 archers ?) ;
- Compagnie de l’Admiral de Graville, commandée par son lieutenant, le seigneur de la Fayette : (100 hommes d’armes et 200 archers) ;
- Compagnie du Seigneur Jules de Saint-Severin : (100 hommes d’armes et 200 archers) ; 
- Compagnie du Comte de Guise de Lorraine, commandée par son lieutenant, le seigneur de Malebert : (100 hommes d’armes et 200 archers) ;
- Compagnie du duc d’Angoulême, commandée par son lieutenant, le seigneur de Clermont d’Anjou (100 hommes d’armes et 200 archers) ;
- Compagnie du seigneur de Vendôme, commandée par son lieutenant, le seigneur de Mouy : (100 hommes d’armes et 200 archers) ;
- Compagnie du duc d’Alençon, commandée par son lieutenant, François de Silly, Baillis de Caen : (100 hommes d’armes et 200 archers) ; 
- plus quelques autres petites compagnies de gens d’armes, 
- Seigneur de Fontrailles, Capitaine général des Albanais : (400 Albanais ?).

L'effectif de l'infanterie, qui n'a pas participé à la bataille, n'est pas connu. mais l'effectif total de l'armée de Louis XII était de 40 000 d'après Symphorien Champier.

L’armée d’Henri VIII et de Maximilien / the army of Henry VIII and Maximilien :
4 à 5000 chevaux, 12 000 hommes dont 4000 lansquenets et 8000 Anglais, 7 ou 8 pièces d’artillerie de campagne (12 000 hommes de pied Anglais, 4 à 5 000 Lansquenets, et 10 pièces de canon d’après le Loyal Serviteur).




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