Le matin de Rocroi selon le
baron de Sirot :
On résolut donc d'en venir en
un combat général, en cas que les ennemis y voulussent entendre, et qu'ils ne
levassent point le siège à l'arrivée, de nos troupes. On disposa donc tontes
choses pour la bataille, et on en fit la distribution. Le sieur de Gassion
commanda l'aile droite; le sieur de La Ferté-Senneterre l'aile gauche. Le duc
d'Enghien, le maréchal de L'Hôpital, le sieur d'Espenan et le sieur de La
Vallière étaient en la bataille et moi j'eus le commandement du corps de
réserve qui était composé de deux mille hommes de pied et de mille chevaux.
(...)
Aussitôt que le duc d'Enghien
et nos officiers généraux furent sortis hors de ce passage, ils disposèrent
leur armée en ordre de bataille, ainsi qu'ils étaient convenus, et marchèrent
jusqu'à une certaine plaine qui était voisine du lieu où les ennemis étaient en
bataille. Ils avaient laissé la place derrière eux à une portée de canon, et les
deux armées ne se trouvèrent éloignées l'une de l'autre que de deux portées de
mousquet, et elles y demeurèrent tout le jour; mais ce ne fut pas sans de
grandes escarmouches, et le canon fit grand bruit de part et d'autre.
Toutefois, celui des ennemis fit beaucoup plus de dommage à notre année qu'ils
n'en reçurent du nôtre ; car, outre qu'il était mieux placé il était bien mieux
servi, et leurs canonniers étaient plus experts et plus adroits que les nôtres,
car il y eut ce jour là plus de deux mille de nos soldats hors, de combat ou de
tués, tant d'infanterie que de cavalerie.
La nuit fut plus favorable à
notre armée que le jour : elle nous donna un peu de relâche, et nos officiers
généraux redressèrent notre première ligne, et la remirent en son ordre ; car
le marquis de La Ferté avait séparé l'aile gauche qu'il commandait de plus de
deux mille pas du corps de la bataille, ce qui pensa causer la perte du combat;
et si les ennemis eussent chargé nos troupes ainsi qu'ils le devaient, ils les
auraient battues ; et ni le corps de bataille, ni moi avec le corps de réserve,
nous ne les aurions pu secourir.
Mais le 19 mai, à la pointe du
jour, l'armée des ennemis se trouva en même disposition que la nôtre, et parut
avoir dessein d'en venir à un combat général; si bien que nos soldats ayant
couché en bataille sur leurs armes, ils n'eurent qu'à se lever, souffler leur
mèche et la mettre sur le serpentin pour faire leurs décharges sur les ennemis;
et comme leur dessein était semblable au nôtre, leurs troupes se trouvèrent
aussi en même disposition. La bataille commença donc à quatre heures du
matin.
The morning of Rocroi
according to Sirot :
Thus it was
decided that we would give battle if the enemy should resist and if the siege
was not lifted at the arrival of our troops. Plans were laid for the battle to
come and the battle array and the role of each was determined. Mr de Gassion would
command the right flank, Mr de la Ferté-Senneterre, the left. The Duc
d’Enghien, Maréchal de l’Hôpital, Mr d’Espenan and Mr de la Vallière were in
the centre, and I was in command of the reserve consisting of two thousand infantry
and a thousand cavalry.
As soon as
the Duc d’Enghien and our generals passed safely through this point, they
placed their forces in array, as had been decided, and they marched to a
certain plateau which was close to the place where the enemy was lined up for
battle. The town was behind them within range of cannon fire, and the two
armies were only at a distance of two musket ranges from each other, and they
remained thus for the entire day; but this was not without large skirmishes,
and the cannon made much noise on all sides. Nevertheless, that of the enemy
caused much more damage to our army than they received from us; for, besides
the fact that it was better placed, it was also much better used, and their
gunners were more expert and more skilful than ours. As a result, on that day,
more than two thousand of our soldiers were killed or wounded in both the
infantry and the cavalry.
Night was
more favourable to our army than day; it gave us some respite, and our generals
reorganised and strengthened our front line; for the Marquis de la Ferté had
separated the left flank, which he commanded, by more than two thousand paces
from the battle corps, which could have caused the loss of the battle. If the
enemy had charged our troops, as they should have done, they would have
defeated them. And neither the battle corps, nor I with the reserve, would have
been able to assist them.
However, on
May 19th, at daybreak, the enemy’s army was still in the same
position as ours, and seemed to be prepared for full combat. Indeed, our
soldiers having slept in battle order with their weapons, they had only to
rise, blow on their fuses, place them on their cannon and fire upon the enemy.
And since their intentions were the same as ours, their troops found themselves
in the same position. The battle began at four o’clock in the morning.
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