Particularités de l'exploit du Maréchal Horn en la haute Souabe
(Source : la Gazette de France de janvier 1634)
Le Maréchal Horn partit de Lavingen le 18 janvier en intention de faire hiverner ses troupes en la haute Souabe pour décharger d'autant les États confédérés, et prit sa route vers Biberac. Mais le grand froid ayant mis ses gens hors d'état de combattre, et sur l'avis que le Colonel Werth avait passé le Lech à Shongau, et était entré dans cette haute Souabe avec 40 cornettes et quelques dragons, il distribua son infanterie autour de Riedlingen sur le Danube, et avec sa cavalerie prit le 25 du même mois sa route vers Ravensbourg, pour voir s'il ne pourrait point surprendre quelques troupes ennemies de celles qui venaient de Bavière et le tenaient en échec, et se loger ensuite sans contestation. Suivant la pointe de ce dessein il se rend le même jour 25 à Waldesec où il apprend que les maréchaux des logis de Gronsfeld avaient couché cette nuit-là à Reutta, et y avaient dessiné leurs quartiers. Il y va, tue une partie, et fait le reste prisonniers, qui lui donnent à entendre que 6 régiments d'Allemands, et 2 de Croates, avec le régiment du colonel Vizthum, étaient logés dans les villes d'Uberlingen, Ravensbourg, Leutkirke, Isny et Wanghen. Il envoie donc les colonels Plato et Crazenstein, chacun avec son régiment, de Reutta à Ravensbourg, dont ils bouchèrent si bien les portes à un des régiments impériaux qui y étaient, que tout le régiment y fut presque tué à la réserve du colonel Kesseler qui le commandait, du comte de Zil, et des officiers de cette cavalerie, qui furent faits prisonniers. Lui, alla cependant contre un autre régiment à Valdesec, d'où il dépécha le colonel Kanoski vers Wanghen, où était logé l'un des régiments des Croates, commandé par le colonel Plaskonis ; et encore envoya de là son général major Rostein vers Leutkirke pour surprendre le régiment du colonel Konig, avec ordre de se joindre tous contre le colonel Vizthum auprès d'Isny. Tout succéda fort heureusement excepté l'entreprise du major Rostein qui ne pût arriver assez à temps, les ennemis ayant déjà gagné le devant. Toutefois, il les poursuivit jusqu'à Kempten, fit par le chemin plusieurs des ennemis prisonniers, et en tua 30. Et bien que 3 de ces régiments à cheval ayant été défaits, et les autres mis en fuite, si est-ce qu'ils n'y ont perdu pas une cornette, car ils les avaient laissées à Lindau.
Gustaf Horn (1592-1657)
Carte de Suebia (Souabe) en 1572
De Saint-Gal, le 8 février 1634.
La prise que le général Horn a faite de 7 places voisines sur les Impériaux, et la défaite des 3 régiments, étonne fort la ville de Lindau, à 6 lieues de laquelle il y a 12 000 fantassins et 7 000 chevaux.
De Bâle, le 11 février 1634.
Depuis le départ du duc de Lorraine de ces quartiers, on tient qu'il a transporté à l'Empereur ses troupes, qui étaient de 800 chevaux et 400 mousquetaires.
Du 1er au 11 février 1634
Le général Horn ayant eu avis que le duc de Lorraine avait passé le Rhin pour se joindre aux troupes Impériales qui sont à Bregenz, Memingue, Kempten, Uberlingen et Constance, a fait sortir ses gens de leurs garnisons pour s'y opposer. En passant il a sommé par deux fois inutilement la ville de Lindau, a fortifié celle de Tennaguen, et mis en contribution toutes les petites vilels qui sont entre Wasserbourg et Mersbourg. Les 4 seigneuries de Bregens, Feldkirchen, Bladis et Cladis s'étant jointes pour leur commune défense ont armé dix mille de leurs habitants.
De Saint-Gal, le 13 février 1634.
Les Suédois ont mis presque tout le pays de Souabe et la côte du lac de Constance sous contribution. Le comte de Knizeg s'y est aussi mis volontairement. Les villes de Lindau, Bregenz et Uberlingen sont comme bloquées, pas un habitant n'en osant sortir sans courir fortune d'être pris. 150 cavaliers suédois ont naguères fait des courses jusqu'aux portes de Lindau, où ils ont pris tout ce qu'ils ont trouvé en chemin, pillé Melspourg et Almesweil, et brûlé trois villages autour de Bregenz. Le général Horn traite maintenant avec le colonel Vizthum, gouverneur de Lindau, pour la liberté du commerce.
De Saint-Gal, le 20 février 1634.
Le général Horn ayant su que le duc de Lorraine était venu jusqu'aux villes frontières avec 7 à 800 chevaux et 400 dragons, fit mine de le vouloir combattre ; mais là la nécessité ayant fait prendre au duc résolution de lui faire tête, le général Horn, ne se sentant pas assez fort, se retira aux environs de Zel, d'où il manda 2000 cuirasses, 1000 mousquetaires à cheval et 1000 fantassins, ce que sachant le duc de Lorraine tourna tête vers la France-Comté, si à propos, que s'il eut demeuré encore un jour en son premier poste, la perte semblait inévitable.
De Bâle, le 24 février 1634.
Les troupes du général Horn sont venues jusqu'à Stokem, proche de Shaffouze, qu'elles ont pris, avec celui qui y commandait pour l'Empereur, et ont sommé Constance. Son armée composée de 70 compagnies de cavalerie et 6000 fantassins (auxquels se viennent joindre par le duché de Wurtemberg, les troupes qui ont été au siège de Philipsbourg) tient tout le lac de Constance en sujétion. Les impériaux ayant retirés à Lindau tous les bateaux de ce lac, les Suédois en ont surpris trois.
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