samedi 1 août 2009

Events in Pomerania, from a french account, 1630 (2)


Gustave Adolf in Pomerania: landing and operations in July and August 1630. Following the exciting "true Relation of what was done between the armies of the emperor and the king of Sweden in the year 1630", with many details including a description of the personality of Gustave Adolphe .
And including some figures : the 15,000 men swedish army is reinforced with Stralsund's garrison to a total of 20,000 men. 15,000 other men are expected from Sweden, 18,000 others from Prussia, 18,000 from Stockholm, 9,000 from Finland and 2,000 from Riga.

Gustave Adolphe en Poméranie : débarquement et opérations de juillet et août 1630. Suite de la passionnante "Relation véritable de ce qui s’est fait et passé entre les armées de l’empereur et celle du roi de Suède en la présente année 1630", avec autant de détails croustillants dont une description de la personnalité de Gustave Adolphe.

“Le même jour quelques colonels impériaux venant à Stettin y demandèrent quartier pour 3 compagnies de cavalerie seulement, à ce qu’ils disaient : mais le duc de Poméranie leur remontrant qu’il ne voulait ruiner cette ville qui lui restait seule et refusa, et se résolut avec le magistrat d’icelle de faire renforcer la garnison de 1,000 hommes.
Deux jours auparavant le commissaire suédois y avait envoyé un homme, pour remontrer au duc que le roi de Suède ayant compassion de l’état misérable de la Poméranie, s’en approchait pour le remettre avec la liberté de la mer Baltique., et au reste des oppressés, et qu’il priait le duc de n’accorder aux impériaux aucun quartier en la ville de Stettin, s’il ne voulait rendre cette place le siège de la guerre.
Le 29 juin, stile vieil, ou le 9 juillet stile nouveau, le roi de Suède étant parti de Suède et sorti du port d’Elsnabben avec plus de 200 navires, arriva près de Wolgast, suivi d’autres d’heure à autre, et débarquèrent le soir du même lieu en divers endroits, et ne fut son passage sans souffrir de grandes incommodités à cause des vents et tempêtes qui avaient séparé les navires ; joint à cela que la bière et le pain commençait à manquer en quelques unes.
Les impériaux avertis de la descente du roi de Suède fortifièrent le château de Wolgast et assemblèrent leurs troupes à Gripswald pour y faire un camp, avec intention de tenir tête à l’armée de Suède.
Le 10 de juillet ledit roi de Suède prit port en la ville de Stralsund avec bonne partie de son armée qui était de 3 flottes, l’une de 13 navires, l’autre de 80, et la troisième de 70, et de plusieurs autres qui suivaient, en réjouissance de quoi fut chanté le Te Deum Laudamus, et fit passer son armée près d’icelle par la rivière de Peine (Peene) au nombre de 15,000 hommes, auxquels se joignit aussitôt la garnison suédoise, faisant en tout 20,000 hommes ; et alors on n’ouït en mer et au havre que bruits de cannonades, mousquetades, de tambours et trompettes, ce qui donna tellement d’épouvante aux impériaux logés en divers lieux, qui se retirèrent à Gartz et Griffenhagen, lesquels ils pillèrent, où aussitôt que lesdites garnisons furent sorties celles de Suède y entrèrent ; de là le roi s’avançant s’en alla droit vers Anklam.
Outre cette armée ci-dessus, arrivèrent encore audit pays 15,000 autres hommes, sans ce qu’on attendait encore d’ailleurs. De sorte que ces contrées là semblent être inondées de fortes et puissantes armées qui se suivent. Outre ces forces ledit roi de Suède faisait faisait aussi embarquer en Prusse 18,000 hommes, à Stockholm autre 18,000 hommes, 9,000 en Finlande, et 2,000 de Riga, outre ceux qui étaient prêts en plusieurs autres havres pour les rejoindre.
Le duc de Poméranie sachant l’arrivée du roi de Suède lui envoya des députés le prier de ne passer outre, et de ne lui causer de l’incommodité ; le roi leur déclara qu’il n’était pas venu à cet effet ; mais plutôt avec l’intention de délivrer lui et les autres oppressés de celle qu’ils souffraient depuis si longtemps, les mettre en leur état et liberté, et de pourvoir à la sureté de son propre duché ; que s’il plaisait au duc d’agréer ses offres, il était prêt à le faire duc de Poméranie, ce qu’il n’était pas alors, et de lui rendre comme au vrai seigneur tout ce qu’il prendrait par l’épée, désirant enfin que le duc lui assignât temps et lieu où il pourrait conférer avec lui.
Le 20 juillet le roi de Suède ne se voyant assuré du côté de Stettin, trouva être nécessaire de s’y acheminer avec 50 voiles, et débarqua auprès du château d’Oderburg, mettant ses gens en bataille, qui consistaient en 4 vieux régiments de pied descendus à terre. Ledit roi y était en personne habillé d’un habit gris en soldat, le collet chamarré de galons d’or, sans plumache ni écharpe.
Le duc de Poméranie lui envoya le prince de Curland (Courlande / Kurland) avec quelques -uns du magistrat de la ville pour réitérer ses protestations que le roi de Suède ne passait outre, et cependant fit mettre en armes toute la garnison et bourgeoisie de Stettin, de laquelle étant sortis aucuns par curiosité pour voir les gens nouvellement arrivés, le roi les voyant il leur parla de la façon, comme il s’ensuit :

Mes chers amis de la ville de Stettin, j’ai telle confiance et espérance en vous, que vous vous êtes réjouis en vos cœurs de mon arrivée, bien que ne l’osiez déclarer : je vous prie donc pour l’amour de vous, et de votre prospérité et salut, si vous l’aimez, permettez-moi que je me promène avec ce peu de gens sur ces remparts, vous n’en serez autrement incommodés, et encore moins endommagés, je ne vous demande moi-même quartier outre vos murailles ; ce que je vous dis aussi véritablement que je suis roi de Suède.

Et ayant su qu’il y avait un consul ou bourgmestre de la ville avec eux, le fit venir devant lui, lui bailla la main, se tint découvert aussi longtemps que le bourgmestre, le supplia et força quasi de se couvrir ; auxquels le roi parla ainsi :

Messieurs et bons amis, je viens à vous comme un ami envoyé de Dieu pour vous sauver avec votre bon prince, des tyrans et voleurs ; je ne viens pas ici comme un grand potentat à qui vous deviez rendre grand honneur : mais comme un simple soldat pour vous défendre. C’est pourquoi je vous prie derechef de ne me faire arrêter plus longtemps ici. Car vous ne pouvez obtenir la neutralité que vous demandez.

Et comme ils s’en voulurent excuser, et voyant ledit roi que le délais des habitants était était très grand et hors de saison, il fit instance que le duc lui vint parler, et l’ayant attendu jusqu’à une heure après midi, envoya un comte palatin son allié en la ville, qui après une longue délibération fit venir le duc environ sur les 3 heures.
En même temps le roi de Suède se fâchant de la longue attente, marcha en bataille jusque au blanchissoir de la ville vis à vis du château du duc, et le gouverneur lui ayant envoyé dire par un tambour qu’il tirerait sur lui, il fut répondu par ledit roi qu’il attendrait les 3 premiers coups, après lesquels il serait audit gouverneur d’aviser à ce qu’il aurait à faire.
Le duc de Poméranie étant descendu de son carosse, marcha vers le roi, qui s’avança vers lui, et le caressa en s’excusant de ce qu’il venait voir de la façon : mais que c’était en bon ami, et pour le venger tant seulement de ses ennemis qui l’avaient si misérablement ruiné et s’étaient pris à lui en Prusse sans aucune raison l’année passée, que son intention n’était pas de surprendre quelque chose sur l’empire, ni de charger le pays ; mais plutôt de le soulager, priant qu’on eut cette confiance en lui, sans laquelle il aviserait toujours aux moyens de bien garder ce qu’il aurait pris sur lesdits ennemis, et lui parla encore en ces termes :

J’ai sauvé et défendu heureusement la ville de Stralsund, par la grâce de Dieu, avec une grande dépense ; j’ai gagné avec l’épée la principauté de Rügen et d’Usedom, dont je ne vous demande rien, et n’ai désir de retenir ces pays ci ; je m’offre de vous affranchir le reste de votre état des voleurs et brigands, et en peu de temps moyennant la grâce de Dieu, et quand cela sera fait, je vous rendrai votre pays pour le garder et conserver vous-même.

Sur quoi le duc de Poméranie lui demanda s’il savait bien les forces que son ennemi avait, et s’il était bâtant de lui faire tête, le roi répondit que oui, et qu’avec l’aide de Dieu il espérait le battre avec ses forces : qu’il avait amené avec lui dans cette flotte 30,000 hommes, et qu’il avait payé autres 20,000 qui le suivraient bientôt ; outre lesquels il avait 2 armées volantes en Prusse, à Rügen, Usedom, et autres lieux qu’il ne voulait point nommer. Le duc loua son dessein et le remercia.
Après cela le roi prit incontinent congés de lui, disant :

Mon cousin soyez en repos et ne vous donnez point de peine, j’espère que Dieu m’assistera, et bénira mon dessein, seulement je vous prie de faire mieux dans votre mariage, autrement je vous supplierais de m’adopter pour votre fils et héritier.

Ce qu’il lui dit en riant et de bonne grâce ; car ledit duc n’a point d’enfant.
Après cela le duc de Poméranie s’étant abouché avec les siens à part, et les délibérations de la ville de Stettin tirant de longueur, le roi les pria qu’on se dépêcha ; ce qui fit résoudre la ville à laisser le tout à la discrétion du duc, qui désirait que le roi se retirât dans le jardin le plus proche, où il fit coucher par écrit quelque forme de capitulation ; mais le roi dit que tout cela n’était que perte de temps, et qu’étant dans la ville, il accorderait toutes les demandes du duc, lequel il ne presserait point de faire chose qui fût contraire au serment qu’il avait prêté à l’Empire et à l’empereur.
Enfin étant sollicité d’entrer en la ville sans gens de guerre, répondit, qu’en une ville qu’il savait être remplie de traîtres et étrangers, il n’y pourrait entrer sans garnison ; à quoi la ville acquiesça, et l’entrée lui en fut permise ; mais le roi n’ayant fait au soir que donner ordre aux remparts, coucha hors la ville à Oderburg qu’il fit retrancher jusque à icelle ville, dans laquelle après tout cela le roi monta lui même au fossé imparfait, et mena gaillardement ses quatre vieux régiments sur le rempart par un pont de bois étroit, en bon ordre, et mêmement comme s’il eut l’ennemi à dos, mit ses gens en bataille et faisant retirer les gardes bourgeoises, il mit en leur lieu les siens avec le canon. Par après il pourvut aux gardes des portes et des ponts, et fit sortir de la ville quelques soldats et vivandiers de l’empereur, et ainsi se rendit maître de la ville de Stettin.

Le dimanche suivant il vaqua au service divin, et fit prêcher aux soldat sur les remparts. Le lendemain il sortit de la ville sur les 8 heures, accompagné de plusieurs seigneurs, et s’en alla à 4 lieues de Stettin sur une montagne, où il fit dresser le plan d’un grand fort.
Ledit roi a avec lui de braves et courageux capitaines et soldats, et fort expérimentés à la guerre, et lui-même veut néanmoins être partout. Il ne découvre son intention à personne, et fait charrier forces pièces de canon pour le camp. Ses principaux officiers et soldats couchent dans des tentes, dessus les remparts, et en la campagne ; car il dit qu’il est nuisible au soldat de coucher dans une chambre. Aussi lui même va coucher la nuit dans son navire. Il ne jure point, et si ses soldats jurent, il leur fait enchaîner les mains et les fait lever en haut vers le ciel comme pour prier Dieu durant quelques heures.
Ensuite de ce que dessus, le 21 juillet la ville de Stargard, avec son château, fut prise, et une grande partie de la garnison tuée, on y a trouvé 12,000 tonneaux de farine.
Et le 26 dudit mois, le maître de camp de l’armée nommé le sieur Gustave Horn arriva de Livonie avec ses troupes, et se joignit à celles du roi dans l’île d’Usedom, et près de Wolgast, dont le château commençait déjà à capituler. La garnison de Wallestein en voulut sortir avec mèches allumées des deux bouts, leurs armes, le canon, et les drapeaux déployés, ce qui leur fut refusé, tant à cause de la mine qui devait jouer, que pour les insolences qu’ils avaient faites.
Les impériaux ont quitté quasi tout le derrière de la Poméranie, hormis la ville et havre de Kolberg, et prennent leur chemin dans la marche de Brandebourg. Ils ont dressé leur camp près le passage et ville de Gartz.
Ledit château et citadelle de Wolgast ne s’étant voulu rendre sous des conditions raisonnables, le roi a fait jouer la mine le … du mois de … qui a fait sauter en l’air bon nombre des assiégés, et le reste a été tué par les assiégeants. Après ce bon succès, le roi est allé incontinent vers la ville de Gripswald, qui est maintenant bloquée et assiégée par mer et par terre.
L’administrateur de Halle a surpris Magdebourg et la ville de Halle, dont la garnison s’est retirée au château de Moritzbourg (où l’on croit qu’elle ne s’y pourra pas défendre longtemps après la prise de la ville). On a mis quantité de vivres et bon nombre de bestiaux dans Magdebourg, qui est ravitaillé pour longtemps. On a emmené dans ladite ville plusieurs prisonniers des gens de l’empereur, et entre autres deux colonels croates, avec la femme d’un autre colonel, lesquels emmenaient quant à eux un grand butin qu’ils avaient fait sur les pauvres habitants du pays.
Lesdits suédois se sont rendus maître de la mer de Poméranie, par la prise qu’ils ont faite de l’île d’Usedom par composition, et en ont sortis 15 compagnies de l’empereur, chacune de 300 hommes, et ainsi le roi de Suède travaille à s’emparer de toutes les autres places maritimes de cette mer, ce qui est cause que les impériaux commencent à s’assembler en corps d’armée comme il a été dit ci-dessus, n’ayant fait jusque ici que sonner la retraite et abandonner les petites villes et bourgs qu’ils occupaient après les avoir pillées. les suédois s’étant emparés à leur barbe des places et îles de Wollin, Warder, Kammin, et presque de tout ce qui leur restait du côté de la mer poméranique.
Le comte Torquato général des troupes laissées audit pays par Wallestein, a empêché tant qu’il a pu que le roi de Suède ne s’approchât pour assieger Anklam, qu’il a néanmoins prise depuis, ainsi qu’il en faisait courir le bruit, et forma une armée pour défendre cette place, et une autre pour conserver Gartz et s’opposer aux desseins des suédois.
Par lettres de Poméranie du 25 juillet on mande que le roi de Suède a pris au même pays la bonne ville de Golvar, et mis garnison dedans, que plusieurs s’étonnent de ce que le général de l’empereur a enlevé toute la cavalerie de la Poméranie ultérieure ; d’autant que si le roi de Suède fait faire un fort derrière Stettin, comme on n’en doute point, alors Gripenhagen serait tout à fait bloqué. Et si on lui donne connaissance du pont de Gartz, il faudra nécessairement que toutes les forces de l’empereur qui sont dans la Poméranie ultérieure, se rendent, étant surchargés et tyrannisés par les contributions excessives qui les fait souhaiter un changement nouveau.
Au mois d’août le roi de Suède faillit être tué par une embuscade qui lui était dressée, ainsi qu’il se verra par la teneur de cette lettre écrite d’Hambourg le 15 du même mois.
… (ndr : je n’ai pas repris le contenu de cette lettre).
Au reste le duc de Poméranie ayant pris le parti du roi de Suède pour sauver son état, a fait publier à l’arrière ban à toute la noblesse et tiers états de son pays de se rendre en l’armée dudit roi sur peine de la vie et perte de biens.
Cela causera un grand bien aux desseins dudit roi, et y a apparence que partout où il s’approchera de même se fera.
Les impériaux voyant tant de progrès du roi de Suède en prennent telle épouvante, qu’ils quittent presque toutes leurs places et se retirent. Le général Wallestein ayant su l’arrivée dudit roi en est demeuré tout triste, et n’y a eu moyen de l’aborder, sachant par lettres écrites de Kustrin que des compagnies entières de cavalerie se rendent audit roi. Cependant ce Wallenstein amasse en grande diligence toutes ses forces dispersées et logées au large dans l’Empire, auxquelles il donne rendez-vous au port du pont de Dessau.
Les nouvelles de la poste confirment aussi que le comte Tilly rejoindra avec l’armée impériale, pour attaquer conjointement le roi de Suède.”

Below : Stettin in 1642

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