vendredi 17 juillet 2009

A french infantry company, 1628

Here is an extract from "L’histoire du prieur de Saint-Louis" by Scarron, a french author. He relates the trip of a company (80 soldiers) in Bourgogne and Dauphiné, in 1628.

Une idée de ce que peut-être la vie d'un soldat d'une compagnie en campagne, d'après Scarron :

“… le même jour je me mis dans des troupes qu’on faisoit à Paris pour le duc de Mantoue, et je partis sans en rien dire à personne. Notre capitaine ne vint pas avec nous, laissant la conduite de sa compagnie à son lieutenant, qui etoit un franc voleur, aussi bien que les deux sergens ; car ils brûlaient presque tous les logemens et nous faisoient souffrir ; aussi ils furent pris par le prevôt de Troye en Champagne, lequel les y fit pendre, excepté l’un des sergens, qui se trouva frère d’un des valets de chambre de monseigneur le duc d’Orléans, lequel le sauva. Nous demeurâmes sans chef, et les soldats, d’un commun accord, firent election de ma personne pour commander la compagnie, qui etoit composée de quatre-vingt soldats. J’en pris la conduite avec autant d’autorité que j’en eusse été le capitaine en chef. Je passai en revue et tirai la montre, que je distribuai, aussi bien que les armes, que je pris à Sainte-Reine en Bourgogne. Enfin nous filâmes jusqu’à Embrun en Dauphiné, où notre capitaine nous vint trouver, dans l’apprehension qu’il n’y avoit pas un soldat à sa compagnie. Mais quand il apprit ce qui s’estoit passé, et que je lui en fis paroître soixante-huit (car en avoit perdu douze dans la marche) il me caressa fort et me donna son drapeau et sa table. L’armée, qui etoit la plus belle qui fût jamais sortie de France, eut le mauvais succès que vous avez pu savoir ; ce qui arriva par la mauvaise intelligence des généraux (ndla : défaite de Saint-Pierre, marquisat de Saluces, en 1628). Après son debris je m’arrêtai à Grenoble, pour laisser passer la fureur des paysans de Bourgogne et de Champagne, qui tuoient tous les fugitifs, et le massacre se mit si furieusement dans ces deux provinces, qu’elle s’épandit dans tout le royaume. Après que j’eus demeuré quelque temps à Grenoble, où je fis de grandes connoissances, je resolus de me retirer dans cette ville, ma patrie. Mais en passant par des lieux ecartés du grand chemin, pour la raison que j’ai dite, j’arrivai à un petit bourg appelé Saint-Patrice, où le fils puîne de la dame du lieu, qui etoit veuve, faisoit une compagnie de fantassins pour le siége de Montauban. Je me mis avec lui, et il reconnut quelque chose sur mon visage qui n’etoit pas rebutant.
L’histoire du prieur de Saint-Louis, Scarron.






















Croquis de Meissonier

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