lundi 22 novembre 2010

Tilly à Lutter, août 1626

Here is a letter of Tilly relating the battle of Lutter am Barenberg (august, 27th of 1626). Tilly was a Walloon, so the letter is in french language.
La bataille de Lutter am Barenberg (27 août 1626) par Tilly lui-même.


Lettre de Jean Tserclaes, comte de Tilly à l'Infante Isabel.

Le 25 août vers le soir, ayant découvert son arrière-garde (celle de Christian IV du Danemark), mes avant-coureurs lui firent quelque légères escarmouches jusqu’à ce que la nuit survint.
Le lendemain 26, l’ennemi mit le feu en divers villages pour favoriser sa retraite. Mais nonobstant cela, ceux de mon avant-garde le talonnèrent de si près, qu’après avoir taillé en pièces quelque 600 mousquetaires & dragons qui faisaient la retraite, il a été contraint de faire tourner tête à toute son armée, avec laquelle marchant en plaine bataille, il se retira sur une grande montagne qu’il avait à dos, avant que toutes mes troupes pussent arriver. Après nous être entre-salués de quelques canonnades, je me logeai vis-à-vis de lui.
Le nuit suivante l’ennemi continua sa retraite, & moi à le suivre dès la pointe du jour, 27 dudit mois. La contrée était étroite, entrecoupée de divers passages, par lesquels ayant poussé l’ennemi nous entrâmes en des plaines plus ouvertes, entre Bockenem et Goslaer, proche d’un château nommé Lutter, où l’ennemi se trouva encore obligé de tourner tête avec toute son armée, se prévalant de l’avantage de la campagne, laquelle était plus haute de son côté, & faisait un vallon marécageux de l’autre où j’étais.
En cet endroit je fis faire halte à notre avant-garde, attendant l’arrivée de toutes nos troupes. Le canon ayant joué de part & d’autre, sur le midi les deux armées se trouvèrent rangées en bataille.
Étant question de s’approcher, & voyant que l’ennemi ne faisait aucune contenance de ne bouger le premier, je commençai de faire avancer et descendre dans ledit vallon l’infanterie, bien qu’avec incommodité, & la cavalerie aux ailes, par deux passages étroites. C’était à ce second avantage que l’ennemi nous attendait : car prenant ce temps, il nous vint charger avec une grande résolution, mais notre infanterie le soutint avec beaucoup de courage ; & après quelque balancement, elle eut enfin le dessus ; & le repoussant, le mit en désordre.
Toute l’infanterie de l’ennemi a été défaite & taillée en pièces, & presque tous les principaux officiers d’icelle tués ou prisonniers. On a reconnu entre les morts le Landgrave Philippe de Hesse, le colonel Fursch général de l’artillerie, le commissaire général Pobitski, le colonel Marc Pinz, & les lieutenants colonels Bersabé & Ongewiggt. On doute du comte de Solms, parce qu’aucun Croates ont apporté son cachet, affirmant d’avoir tué celui qui le portait.
Entre les prisonniers se sont trouvés le colonel & commissaire général Lohausen, les colonels Linsdorf (Linistow ?), Frenckin, Gurtygen, Geest & Courville, le commissaire général Rantzau, le lieutenant colonel Krip, le mayeur Ginterot, & le commissaire général de la proviande. Outre, un très grand nombre de capitaines, & autres moindres officiers qui ont été tués, ou faits prisonniers, desquels on n’a sitôt su dresser la liste.
L’on a gagné 22 pièces d’artillerie. quant aux drapeaux j’en ai entre mes mains 60, avec 6 cornettes.
Il y a eu fort peu de simples soldats prisonniers, hormis quelque 2000 retirés au château de Lutter, avec 29 drapeaux qui se sont rendus à discrétion, & desquels on a fait aucunes compagnies qui ont été réparties parmi nos régiments.
Nous avons perdu quelque 4 ou 5 capitaines, mais nul autre plus haut officier.
Du camp proche de Lutter, le 28 août 1626.

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