jeudi 13 mai 2010

Military hierarchy according to Simplicius Simplicissimus (Grimmelshausen)


La hiérarchie militaire pendant la Guerre de Trente Ans, selon Grimmelshausen, à travers son héros Simplicius Simplicissimus (Livre premier, chapitre XV et XVI). Cette réflexion du héros de Grimmelshausen se situe en 1634, après la bataille de Nördlingen.

Here are the thoughts of Simplicius Simplicissimus, Grimmelshausen's hero, taking place in 1634, after Nördlingen. I haven't translate them but Simplicius compare the military hierarchy with a tree : people who were on the lower branches had to endure much more fatigue, work and torment. However, they were always more happy than the former. they were also arrogant, tyrannical, wicked for most and they accounted a heavy burden, unbereable for the roots of the tree. (...) They commit abominations until, during battles, sieges, assaults or campaigns, they finally get killed and die. Very few will return and, in their old age, if they didn't have even stolen or rapined, became beggars or miserable vagrants. Immediatly above these beggars were the old chicken thieves who had somehow lived on the lower branches and bailed out, beeing given the chance of escape until the death. They seemed serious and a little more honest than people placed below them because they have mounted to a degree. Above them were people still in better shape, wich have also higher pretensions, since they ordered the men from the lower degrees. They were called "brushers of doublets" and they jeered indeed ordinary pikemen, beating them with a stick, on the head and the spine, and they gave the musketeers oil to grease their weapons. Above them, the trunk of the tree presented an interval so that no soldaiers, unless of noble birth, could rise higher, nor courage, nor merit, nor his skill, whatever his ability to climb. This place was more slippery and smooth as a marble column or steel mirror. Above were sat the standard-bearers, some of whom were young, others of a certain age. The youngs were reared in favor of neopotism when the olds have climbed the golden ladder of corruption. Above, occupying a higher position, were others who had their troubles, their worries, their trials and tribulations. But they had the avantage of being able to fill their purse with carved pieces of bacon using a knife calles "war tax". They showed the greatest ability when came a commissioner of the armies. When they overtuned a van filled with money on the tree, they gathered up the best part, and left almost nothing to men on the lower levels. So these men died more often by hunger than the blows of the enemy...

Je crus voir en songe que tous les arbres qui entouraient ma demeure s’étaient métamorphosés tout à coup et avaient pris un autre aspect. Sur chaque cime se trouvait un gentilhomme et toutes les branches étaient ornées, en guise de feuilles, de toutes sortes d’individus : les uns avaient de longues piques, les autres des mousquets, des fusils courts, des pertuisanes, des drapeaux et aussi des tambours et des fifres. C’était un spectacle amusant car tout ce monde était disposé disposé avec ordre, chacun d’après son rang et son grade. La racine de l’arbre était faite de menu peuple, artisans, manœuvres, paysans surtout et autres gens négligeables. (…) Les gens qui étaient sur les branches les plus basses avaient à supporter encore beaucoup plus de fatigue, de travaux et de tourments. Cependant, ceux-ci étaient toujours plus gais que les premiers. Ils étaient en outre insolents, tyranniques, impies pour la plupart, et ils constituaient pour les racines un fardeau lourd et insupportable. Ils fredonnaient le couplet suivant : Endurer la faim, la soif, la chaleur et le froid, Travailler ou crever de misère, selon les circonstances, Exercer des violences et pratiquer l’injustice, Voilà notre vie, à nous autres, lansquenets. Ce couplet n’était point mensonger, mais au contraire bien conforme à leurs actes. En effet, manger et boire à l’excès, supporter la faim et la soif, vivre dans la débauche et la paillardise, faire sonner les dés et jouer avec rage, faire bombance et ripaille, assassiner et être assassiné, fusiller et être fusillé, tourmenter et être tourmenté, chasser et être chassé, répandre la terreur et être terrorisé, voler et être volé, effrayer et être effrayé, semer sur ses pas le malheur et la désolation, y tomber pour son compte, frapper et être frappé ; en un mot, porter partout le dommage, la ruine et la mort, être exposé soi-même à des maux, telle était l’occupation et la vie de ces hommes ; et ni l’hiver, ni l’été, ni la neige, ni la glace, ni la chaleur, ni le froid, ni la pluie, ni le vent, ni les fossés, ni les défilés, ni la mer, ni les murailles, ni l’eau, ni le feu, ni les remparts, ni pères, ni mères, ni frères, ni soeurs, ni les dangers que couraient leur corps, leur âme et leur conscience, ni la perte de la vie, du ciel ou de toute autre chose, quel qu’en soit le nom, ne pouvait les arrêter. Non, ils continuaient avec entrain à commettre toutes ces vilenies, jusqu’à ce que, au cours des batailles, dans les sièges, les assauts, les campagnes, et même dans les cantonnements (qui cependant sont le paradis des soldats, surtout s’ils tombent chez quelque paysan bien cossu), ils finissent par trouver la mort, périr, crever. Il n’en revenait qu’un très petit nombre, qui, dans leur vieillesse, s’ils n’avaient pas bien volé et rapiné, devenaient des mendiants et de misérables vagabonds. Immédiatement au-dessus de ces miséreux étaient assis de vieux voleurs de poules qui, pendant des quelques années et au prix des plus grands dangers, avaient vécu tant bien que mal sur les branches inférieures, s’étaient tirés d’affaire et avaient eu la chance d’échapper jusque-là à la mort. Ceux-ci semblaient sérieux et un peu plus honnêtes que les gens placés au-dessous d’eux, car ils étaient montés d’un grade. Au-dessus d’eux encore se trouvaient des gens en meilleure posture, qui avaient aussi plus hautes prétentions, car ils commandaient les hommes des degrés inférieurs. Ceux-ci portaient le nom de « brosseurs de pourpoints » : ils houspillaient en effet d’ordinaire les piquiers de la tête à l’échine à coups de bâton, et avec force jurons, et ils donnaient aux mousquetaires de l’huile de cotret pour graisser leurs armes. Au-dessus d’eux, le tronc de l’arbre présentait un intervalle, une solution de continuité, une certaine portion tout unie et sans branches, graissée avec de bizarres matières et avec l’étrange savon de la défaveur, en sorte qu’aucun soldat, à moins d’être de race noble, ne pouvait monter plus haut, ni par son courage, ni par son mérite, ni par sa science, quelle que fût son habileté à grimper : cet endroit était plus glissant et plus lisse qu’une colonne de marbre ou un miroir d’acier. Au-dessus étaient assis les porte-enseignes, dont les uns étaient jeunes, les autres d’un certain âge : les jeunes s’étaient élevés à la faveur du népotisme ; quand aux vieux, ils s’étaient poussés d’eux-même, soit en gravissant l’échelle dorée de la corruption, soit par un autre moyen que leur avait offert la Fortune. Plus haut, occupant une situation plus élevée, j’en voyais d’autres qui avaient aussi leurs peines, leurs soucis, leurs tribulations ; mais ils avaient cet avantage de pouvoir barder leur bourse de morceaux de lard qu’ils taillaient dans la racine au moyen d’un couteau appelé « contribution de guerre ». Ils montraient en pratique la plus grande habileté quand arrivait un commissaire des armées, qui renversait sur l’arbre, pour lui redonner des forces, un van rempli d’argent ; ils recueillaient en haut la meilleure part, et ne laissaient parvenir à peu près rien aux hommes des degrés inférieurs. Aussi ces derniers mouraient-ils plus de la faim que par les coups de l’ennemi, tandis que ceux d’en haut semblaient être à l’abri de ce double danger. C’est pourquoi on s’efforçait, en un mouvement incessant, de grimper à cet arbre, car chacun souhaitait de conquérir une place dans les bienheureuses régions supérieures. Pourtant, quelques drôles, fainéants et débauchés, qui n’étaient même pas dignes de manger le pain de munition, s’inquiétaient peu de monter plus haut : ils devaient de toute manière faire ce qu’exigeait leur devoir. Les ambitieux d’en bas espéraient la chute des chefs pour pouvoir prendre leur poste, mais, quand il arrivait à un seul sur dix mille d’atteindre à un si haut emploi, il n’obtenait cette faveur qu’à l’âge chagrin où l’on fait meilleure figure à garder le coin du feu qu’à mener campagne contre l’ennemi et à lui tenir tête. Si un homme en place s’acquittait honnêtement de sa tâche et se conduisait même bravement au milieu des dangers, il était jalousé par les autres, ou bien quelque funeste et imprévisible coup du sort le privait en même temps de sa charge et de la vie. Nulle part on ne se pressait plus qu’en cet endroit lisse du tronc : quiconque avait un bon sous-officier, ou un bon sergent, le perdait à regret, et il perdait nécessairement si on faisait de lui un porte-drapeau. C’est pourquoi on préférait aux vieux soldats éprouvés des barbouilleurs de papier, des valets de chambre, des pages adultes, des nobles ruinés, des parents pauvres, des parasites ou des crève-la-faim, qui retiraient le pain de la bouche des hommes qui méritaient l’avancement : c’étaient ceux-là qui devenaient porte-drapeau.

2 commentaires:

  1. Ah! Grimmelhausen! It's in German online here: http://www.zeno.org/Literatur/M/Grimmelshausen,+Hans+Jakob+Christoffel+von/Romane/Der+abenteuerliche+Simplicissimus+Teutsch

    From which chapter is your quote?

    I still remember I watched on german TV (I live near the german border) on the ZDF Fritz Umgelter's TV serie, quite good actually.

    http://www.youtube.com/watch?v=X0D31z7BZw0

    ZDF also did a serie on Wallenstein, based on the book of Golo Mann.

    http://www.wunschliste.de/1437

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  2. Hi Motorway, these are from chapters XV & XVI.
    Thank you for the links !

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