mardi 1 septembre 2009

French Infantry drill circa 1610





















(Officiers, piquiers et mousquetaires français ; dessin de JOB).

Jérémie de Billon - Les principes de l'art militaire (C.1610) :

J. de Billon a écrit son manuel durant la première décennie du XVIIe siècle. Il s'inspire bien sûr des écrits des enseignements de Maurice de Nassau mais son manuel n'en reste pas moins remarquable. On y trouve des informations précises sur l'entrainement et les manœuvres, ainsi que de nombreuses propositions provenant de sa propre expérience. On y trouve aussi des innovations telle ce qui deviendra la fameuse "brigade suédoise" à 3 bataillons dont l'un soutenant les deux autres, ou l'inverse...

Jérémie de Billon wrote his drill book during the first decade of the seventeenth century. This course draws from the writings of JJ Walhausen but its manual is nevertheless remarkable. It contains detailed information on training and maneuvers, as well as many proposals from its own experience. There are also innovations such as what would become the famous "Swedish Brigade" of 3 battalions, including one supporting the other two, or vice versa ...


Bataillon de 500 hommes de pied, l’ordre pour aller au combat.

"Les hommes sont serrés, comme pour choquer : sinon que je laisse un pied entre les rangs et les files, afin de les séparer ; il est à noter que l’homme de pied tient plus en travers et face, qu’en l’épaisseur de son corps quand les hommes sont arrêtés, montrant tout le devant du corps ; mais quand les piquiers se joignent presque épaule contre épaule, se tournant de biais pour enfoncer l’ennemi, et qu’il y a un peu d’espace entre les files pour coucher les piques, chaque homme tient alors autant d’espace en un côté, comme en l’autre.
Les 500 hommes du bataillon étant par files de dix hommes, il y aura cinquante hommes de front, et dix de file.
Chaque homme tenant deux pieds en travers ou face, fera 100 pieds en tout, puis un pied et demi entre chacun feront 75 pieds, et ainsi pour toute la face, 175 pieds.
Les hommes tirant un pied et demi d’épaisseur chacun, fera pour les dix hommes de file 15 pieds, puis un pied et demi entre chaque rang feront 10 pieds, et ainsi pour toute la longueur du bataillon 30 pieds ; car je dispose ainsi comme il est dit, il tiendront trois fois autant d’épais, les rangs et les files étant éloignés de trois pieds pour attendre les ennemis, et en tiendront six fois autant éloignés de six pieds pour l’exercice ou pour paraître. Les rangs et files ne doivent jamais serrer du tout, sinon comme il faut baisser les piques ; car autrement il n’y aurait pas d’espace pour faire promptement doubler les rangs, ou les files, s’il était besoin. (…)
Il y a 200 mousquetaires en 20 files, 10 files à chaque flanc. Il y a 300 piques pour un corps, car je voudrais toujours s’il se pouvait que de cinq parties, les trois fussent piquiers, et les deux mousquetaires, et faut quatre ou cinq pas d’espace entre les piques et les mousquetaires. (…)
Si l’on veut l’on pourra faire les files de 12 hommes ou 14, mais c’est assez aussi : car les combats ne s'opiniâtrent point tant que la victoire vienne de mieux pousser. Deux ou trois bataillons séparés en incommodent fort un gros, et puis l’on en peut joindre deux ensemble quand on voudra.
Et dirais que pour plus de facilité il ne faut que deux sortes de bataillons, l’un de 500 hommes, à savoir 300 piquiers et 200 mousquetaires disposés 10 de file, 50 de front ; et l’autre forme serait de 1000 hommes, joignant deux bataillons de 500."

La "brigade suédoise" avant l'heure :

"L’on peut user de plusieurs finesses de gens de pied contre gens de pied.
1- Comme jeter des pelotons de mousquetaires détachés, qui tirent en flanc, et aillent aux mains par les flancs de l’ennemi.
Et même si l’on veut on fera promptement sortir quelques files de piquiers qui iront former des pelotons sans que l’on les voit séparés du corps du bataillon, sinon étant prêt de combattre ; car il est malaisé de marcher loin avec ces pelotons détachés.
2- Ou bien l’on peut faire tout d’un coup doubler les files, ou les rangs du bataillon, de sorte que ce changement de forme soudain trompe les ennemis.
3- Ou bien l’on fera trois bataillons, dont il y en aura deux en face qui sembleront n’être qu’un corps, et un autre derrière ces deux là. Comme on sera prêt de choquer, les deux bataillons de devant s’ouvriront et iront charger les ennemis aux deux flancs ; et la bataillon de derrière choquera en front, de sorte que cette nouveauté arrêtera et épouvantera les ennemis.
Mais il faut un bon conducteur à chaque bataillon, et leur dire ce qu’ils ont à faire, et en quel temps ils le feront.
4- Ou bien on mettra un bataillon seul en front et deux autres derrière, et comme on sera aux mains avec l’ennemi ils partiront et iront charger en flanc. Et c’est le vrai remède contre ceux qui mettront 2 bataillons devant et un derrière, les faisant seulement porter au temps que les autres deux seraient déjà attachés au flanc de notre bataillon, car cela est sans doute celui qui exécute le dernier fait grand dommage, quant à ce qui est des ruses et de venir aux mains.
Il y a plusieurs autres ruses et inventions qui seraient longues à dire, et qui dépendent de l’esprit des capitaines. Il en faut changer souvent, ou autrement elles porteraient dommage, parce que les ennemis se disposeraient pour résister à tel ordre ; et pour y vaincre aussi. Car ce sont les deux choses que l’on veut faire."

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