lundi 14 septembre 2009

The duke of Enghien at Rocroi, 1643



Mr de Larray, adviser of the court and embassy to his majesty the King of Prussia, reports this description of the battle of Rocroi in his "History of France during the reign of Louis XIV”, published in 1718. It relates the words of the Duc d'Enghien at the dawn of the battle. Considering the lyrical side of this description, these words are subject to caution. Moreover, the Gazette renaudot, Sirot, H. de Bessé, or the Duke of Aumale, in his "History of the Princes of Condé," don’t relate to these words.
For further accounts of the battle of Rocroi, see the Sirot and Henri de Bessé accounts in "French Armies of the Thirty Years War" (S. Thion). See also "Rocroi 1643" by Bernard Gerrer, Patrice Petit and Juan Luis Sanchez-Martin (available only in french) and "El Ejercito español en la guerra de los 30 años" by Pablo Martín Gómez (available only in spanish).


Mr de Larray, conseiller de la cour et des ambassades de sa majesté le roi de Prusse, nous rapporte cette description de la bataille de Rocroi dans son “Histoire de France sous le règne de Louis XIV”, publié en 1718. Il rapporte surtout les paroles du duc d’Enghien à l’aube de la bataille. Vu le côté lyrique de cette description, ces paroles sont sujettes à caution. D’ailleurs, ni la Gazette Renaudot, ni Sirot, ni H. de Bessé, ni le duc d’Aumale, dans son “Histoire des Princes de Condé”, ne rapportent ces paroles. Il me semble néanmoins intéressant de présenter ce passage.
Pour d'autres relations de la bataille de Rocroi, voir celles du baron Sirot et d'Henri de Bessé dans "Les armées françaises de la guerre de trente ans" (S. Thion). Voir aussi les ouvrages évoquant la bataille de Rocroi : "Rocroy 1643" de Bernard Gerrer, Patrice Petit et Juan Luis Sanchez-Martin ou encore "El Ejercito español en la guerra de los 30 años" de Pablo Martín Gómez (uniquement en espagnol).

« Le comte de Fontaines, l’un des plus braves généraux et des plus expérimentés qu'eut l’Espagne, en commandait l’armée, dont une partie faisait le siège de Rocroi, et le reste couvrait les lignes ; et observait l’armée française qui voudrait secourir la place. Il ne l’attendit pas longtemps, et le jeune héros qui la commandait, impatient d’en venir aux mains avec ce vieux général, qu’il jugeait un ennemi digne de son courage, se fit bientôt paraître avec la résolution de lui livrer bataille. Le général espagnol était trop brave pour la fuir, se confiant d’ailleurs à la bonté et au nombre de ses troupes de 20 à 26,000 hommes, au lieu que l’armée française n’était composée que de 20,000. Peut-être comptait-il encore sur son expérience, à qui la jeunesse de son ennemi eût dû le céder dans le cours ordinaire des lois générales. Ainsi plein d’espérance il tira des lignes les troupes qu’il y avait mises, et vint avec son armée complète à la rencontre du bouillant duc d’Enghien, dont le maréchal de l’Hôpital, et les maréchaux de camp Gassion et la Ferté avaient bien de la peine à modérer l’ardeur.
le combat commença dès le 18 de mai, et Gassion s’avança avec un corps de troupes par l’ordre du duc d’Enghien pour tâter les ennemis et pour reconnaître s’ils pensaient seulement à disputer le passage au secours où s’ils voulaient tout de bon en venir à une bataille. On vit bientôt qu’ils étaient résolus à la hasarder, ayant abandonné le défilé qu’ils occupaient pour se ranger dans la plaine en s’approchant de leur camp. Gassion les poussa, et se rendit maître d’une hauteur, d’où il découvrit toute l’armée qui sortait de front pour se mettre en bataille. Le duc d’Enghien en étant averti, s’avança en diligence à la tête de la sienne ; mais la nuit approchant on trouva à propos de remettre le combat au lendemain, pour ne point gâter par la précipitation une journée qui avait besoin de tout l’ordre et de toute la précaution la mieux entendue pour réussir.
Ce fut donc le 19 de mai qu’on vit luire ce grand jour qui devait éclairer une bataille, où chaque parti apportait toute la fureur qu’inspire la guerre, jointe à la haine des deux fières nations nations qui allaient se le faire sentir réciproquement dans un combat dont le succès n’était pas moins important aux uns qu’aux autres. Dès le point du jour le duc d’Enghien rangea son armée, et la haranguant avec cette éloquence martiale qu’il avait apprise de César et d’Alexandre, dont il possédait les histoires aussi bien que les vertus, il l’anima par ces paroles.
Français c’est tout vous dire en un mot, vous voyez devant vous nos vieux ennemis, ces fiers espagnols qui disputent avec vous depuis si longtemps de la gloire et de l’Empire. Leur furieux général frémit de se voir arracher une conquête qu’il croyait sûre, et obligé d’abandonner le siège d’une place, dont la prise lui eût ouvert nos plus belles provinces jusqu’aux portes de Paris. Il vient pour s’en venger avec tout l’orgueil de sa nation ; opposons lui toute la fierté et toute la valeur de la nôtre. Je suis parti de la cour pour me mettre à votre tête, et j’ai promis de ne revenir que victorieux. Ne trompez pas mes espérances. Souvenons-nous vous et moi de la bataille de Cerisoles ; imitez vos aïeuls qui y triomphèrent, et j’imiterai mon prédécesseur qui les menait au combat. Que le surnom d’Enghien, que portait ce prince du sang de Bourbon nous soit à vous et à moi de bon augure, et que l’ennemi qu’il vainquit dans le champs de Cerisoles, honore encore aujourd’hui nôtre triomphe par sa défaite dans les plaines de Rocroi.
Ce discours fut applaudi de toute l’armée, et le bruit des trompettes se faisant entendre dans les deux camps, les attaques commencèrent avec une égale fureur. On garda de part et d’autre à peu près le même ordre, et on combattit près de six heures, sans qu’on pût savoir de quel côté pencherait la victoire. Le comte de Fontaine fit paraître tout le courage et toute l’habileté d’un vieux général espagnol, faisant ferme partout, ralliant les bataillons et les escadrons rompus, et les ramenant au combat, jusqu’à ce qu’il tombât mort, après avoir vu presque toujours son infanterie, et une partie de sa cavalerie taillée en pièces. Le duc d’Enghien eut la meilleure part à ce grand exploit, où il se signala comme général et comma soldat, donnant dès lors des preuves d’une valeur héroïque et d’une conduite au-dessus de son âge. Le maréchal de l’Hôpital, les maréchaux de camp Gassion et la Ferté, et plusieurs autres officiers généraux se distinguèrent dans cette sanglante journée mais toute la gloire en fut pour le jeune et vaillant général, dont le nom retentit dans toute l’armée victorieuse,et vola dans peu d’heures avec la nouvelle de son triomphe jusqu’à Paris. La victoire fut d’autant plus belle, qu’elle ne coûta que 2,000 hommes au vainqueur, qui compta plus de 7,000 des ennemis morts sur le champ de bataille ; fit plus de 600 prisonniers, et mit le reste de l’armée en tel désordre, qu’elle eut bien de la peine à se sauver, et encore plus à se remettre d’un si furieux échec. 170 drapeaux furent envoyés à Paris, avec les cornettes et les guidons que portaient vingt cavaliers ; marques de l’entière défaite de ceux sur qui on les avait pris. »

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