lundi 3 août 2009

French chevaux-légers and carabins under Henri IV






(drawing from J.J Walhausen)

De la cavalerie française sous le règne du grand monarque Henri IV
(suite)
"Quant aux chevaux légers, les troupes seront toutes de 100 maîtres, feront 3 quadrilles, et en useront comme nous avons dit des gendarmes ; ils s’armeront d’armes complètes, ayant une cuirasse à preuve et le reste léger ; ils auront un pistolet à l’arçon sous la main de la bride, et à l’autre leur salade ou habillement de tête, et aux grandes traites le sac d’avoine en croupe, les espagnols l’appellent “alforia”, les italiens “bertollé”, les flamands “canapsa”, les anciens grecs et romains le nommaient “pica” ; car les gendarmes, lesquels par manière de dire, ne combattent qu’en un jour de bataille, pour le moins pas si souvent que les chevaux légers, ont un valet qui leur porte et leur salade et leurs nécessités de sorte que nos chevaux légers ne devant pas avoir tant d’embarras de valets, de chevaux et de train, les doivent porter eux-mêmes. Ils auront chacun deux chevaux, l’un de combat, et l’autre pour les gardes et courses, que pour porter la malle ; ils combattront par quadrilles jointes ensemble, comme j’ai dit ci-devant les gendarmes, excepté que la cornette sera au troisième rang attachée derrière l'aisselle du bras gauche avec une écharpe, et non pas comme l’enseigne des gendarmes, qui se porte croisée devant l’estomac, et s’attache avec des chaînes de fer ; la lance de la cornette doit être plus courte, et le drapeau plus petit que l’enseigne des gendarmes.
Chacune compagnie de chevaux légers doit avoir une troupe de 50 carabins avec soi sous la charge d’un lieutenant, lequel obéira au capitaine des chevaux légers, et n’aura d’autre cornette que celle de la même compagnie qu’elle suivra, avec un maréchal des logis et deux caporaux. Ils feront deux quadrilles, celle du lieutenant et celle du maréchal des logis, conduites chacune par un caporal. leurs armes doivent être, une cuirasse échancrée à l’épaule droite, afin de mieux coucher en joue, un gantelet à coude pour la main de la bride, un cabasset en tête, et pour armes offensives une longue escopette de 3 pieds et demi pour le moins ; les plus longues se porteront mieux en écharpe. Il doit porter aussi un pistolet comme les autres. Les carabins doivent être prompts à recharger, et pour cette effet porter des cartouches à la reître, et quantité de poudre et de plomb sur eux, chacun un bon cheval et vif, mais non pas des petits bidets.
Pour leur manière de combattre étant dans l’ordre que j’ai dit ci-devant, seront 15 de front et 7 à 8 rangs ; les 2 quadrilles de carabins à main gauche, trois à trois, celle du maréchal des logis s’avancera la première conduise par son caporal, lequel aura une longue arquebuse au poing. Leur maréchal des logis à la queue, avec une arquebuse aussi, et après la charge de ceux-là, le lieutenant des carabins fera soudain avancer son caporal, lequel en usera de même manière que l’autre le suivant en queue une arquebuse à la main ; mais ils ne partiront point que le capitaine des chevaux légers ne leur en donne le signal par son trompette, à savoir lorsqu’il verra l’ennemi à 200 pas, si ce sont lances, et à 100, si ce sont cuirasses à notre mode : il fera alors sonner sa trompette un mot seulement : “tarare” ; à cette heure là celui des carabins sonnera la charge tout au long ; et soudain l'esquadre du maréchal des logis partira au galop, et allant affronter l’ennemi, leur fera une salve de plus près qu’elle pourra puis passera à main droite pour recharger, l’autre suivra soudain, et coupant entre les deux troupes qui se veulent entre-charger et leur fera une salve, puis faisant le caragol (la caracole) passera à main gauche pour recharger : mais si les ennemis ont les carabins comme nous, il faut que l’une des esquadres de carabins aille attaquer non en gros, mais en escarmouchant ceux de l’ennemi, pour les empêcher de nuire à nos chevaux légers qui vont à la charge, et que l’autre fasse ce que nous avons conseillé ci-dessus.
Alors le capitaine de chevaux légers se trouvant à 25 ou 30 pas de l’ennemi, n’ayant jusque là été qu’au petit pas, fera sonner la charge et choquera à toute bride, faisant devoir d’appuyer le pistolet, comme nous avons dit que doivent faire les gendarmes, car autrement il ne vaut rien ; en même temps les carabins sur les deux flancs, ayant rechargé, investiront par les côtés de l’ennemi, et leur ayant tiré leurs escopettes de près, les aborderont à coups de pistolet. Pour le ralliement ils en useront comme nous avons dit que doivent faire les gendarmes.
Nous venons de dire qu’il faut que les gendarmes se résolvent à ne fuir jamais ; je dis maintenant que les chevaux légers sont obligés au rebours. Car alors qu’un général pour aucune considération ne veut point hasarder la bataille, ils doivent fuir cent devant dix, pour ne rien engager, mais aussi quand le général veut combattre, dix en doivent attaquer cent ; c’est à dire qu’il faut tout charger pour engager l’ennemi au combat.
Les carabins sont institués pour entamer le combat, pour suivre la victoire, pour les retraites, et pour les escarmouches : ils sont nommés carabins par les espagnols qui en ont été les auteurs. “Cara” c’est à dire visage en espagnol, et de “binus, bina, binum”, qui signifie double, comme qui les dirait à deux visages, à cause de leur manière de combattre, tantôt fuyant, tantôt tournant tête comme les parthes (1).
Les hommes d’armes porteront des casaques de la même couleur que leurs enseignes et guidons. Les chevaux légers se doivent armer à crud et les carabins auront des mandilles de la même couleur de la cornette qu’ils suivront.
Pour les bagages les gendarmes peuvent mener chariots, charettes, et mulets. Mais les chevaux légers ne doivent point avoir de bagage qui ne les puissent suivre au galop.
Il serait besoin que le roi entretint en chaque compagnie, tant de gendarmes, que de chevaux légers un bon maître arquebusier, pour refaire les armes, lequel aurait toujours un cheval chargé de ses outils, et de ressorts, rouets et pierres d’arquebuse et autres choses nécessaires à son métier. Même les capitaines devraient faire porter quantité d’arquebuses, d’escopettes et de pistolets pour en donner à ceux qui auront perdu ou crevé les leurs, comme il arrive assez souvent.
Quand à la manière de faire combattre notre cavalerie, l’on a enfin reconnu qu’il vaut mieux qu’ils chargent par petites troupes, qu’en gros escadrons ; car chaque chef peut lors répondre de ses soldats, et l’on voit d’où vient un défaut, outre que le ralliement est plus facile, néanmoins un chef d’armée ne doit pas laisser arborer en son gros, le jour d’une bataille, qu’une enseigne, afin que son ralliement en soit plus fort. Le dernier maréchal de Biron, quand il n’eut que cent chevaux, il les eut répartis en trois troupes, desquelles l’une ne combattait point sans grande nécessité, ainsi demeurait ferme sur la main droite, pour tenir l’ennemi en échec.

(1) Ethymologie intéressante que l’on ne retrouve pas dans le Littré de 1880 : “Deux étymologies sont en présence : 1° D'après Diez, calabrin, qui est dans Roquefort pour carabin, sert d'intermédiaire à calabre, mot provençal qui signifie machine de guerre, le nom des armes passant facilement de l'une à l'autre. 2° Dans Du Cange, calabrinus, signifiant qui est de la Calabre, a donné Calabrins, et, par une facile altération, carabins, ainsi nommés parce que cette sorte de cavalerie est venue d'abord de la Calabre. Cette dernière opinion paraît la plus probable.”

Of the French cavalry during the reign of the great monarch Henry IV (following)
"As for chevaux légers (light horses), all troops will be of 100 maîtres, will be in 3 quadrilles, and will use as we have said for gendarmes, completely armed, with proof armor and other light, they will have a gun to arçon under the hand of the bride, and on the other hand a salad or head clothing, and large route bag of oats in croup, the Spaniards call "alforia", Italians "Bertolli" Flemishs "canapsa", the ancient Greeks and the Romans called "pica", for the gendarmes, which by way of saying, do fight only the day of battle, at least not so often than chevaux légers, have a valet twho carry their salad and their needs so that our chevaux légers not needing to have so much trouble with valets, horses, and train, must carry its themselves. They will each have two horses, one for fighting and one for the guards and courses, and to bear the trunk ; they will fight by quadrilles joined together, as I said above, about the gendarmes, except that the cornet will be attached to third place behind the armpit of the left arm with a scarf, not as the ensign of the gendarmes, which is carried across the stomach and attached with chains of iron ; the lance of the cornet should be shorter, and the standard smaller than the ensign of the gendarmes.
Each company of chevaux légers must have a troop of 50 carabins along under the charge of a lieutenant, which will follow the captain of chevaux légers, and will have no cornette than that of the same company they will follow, with a maréchal des logis and two corporals. They will be two quadrilles, the lieutenant and the maréchal des logis, each led by a corporal ; their weapons must be a cuirass échancrée to the right shoulder, for a better aiming, and a gauntlet for the bride’s hand, a cabasset on head, and for offensive weapons a 3 feet and half long escopetas for the least, the longer will be better carried as sash. He must also carry a pistol as the others. Carabins must be quick to reload, and therefor carry the cartridges like reître, and quantity of powder and lead on them, each will have a good horse and lively, but not small bidets.
To their way of fighting, in the order as I said above, will be 15 files on 7 to 8 ranks, and 2 quadrilles of carabins at left hand, three to three, the one of the maréchal des logis will advance forward first, lead by his corporal which will have a long arquebus at hand. Their maréchal des logis to tail, with arquebus too, and after they have charged, the lieutenant of carabins will suddenly order his corporal forward, which will use in the same way as the other following to tail with arquebus at hand ; but they won’t go until the captain of chevaux légers give them the signal by his trumpet, to know when he will see the enemy at 200 paces, if they are lances, and at 100 if they are cuirasses of our kind : it will then sound his trumpet with only one word : "tarare" ; at that time that of the carabins will sound the charge throughout, and suddenly the esquadre of the marechal des logis will leave home at a gallop, and going to fight the enemy, will fire them a salvo the closer it could then pass to his right hand to reload ; the other will suddenly follow, and cutting between the two troops who to charge each other and will do its salve, and then doing Caragol (caracole) pass left hand to reload, but if the enemies have carabins like us, one esquadre of carabins must attack not wholly, but skirmishing the enemy, to prevent them from interfering with our charging chevaux légers, and the other to do what we have recommended above. 
When the captain of chevaux légers will be at 25 or 30 paces of the enemy, having previously been at walking pace will sound the charge and shock whole-heartedly, ensuring to press the pistol as we have said that the gendarmes must, because otherwise it worth nothing, at the same time carabins having rallied on both flanks, having reloaded, will reach the enemy by the sides, and having shot closely with their escopetas, will go into them firing pistol. For the rally they will use as we have said that the gendarmes should do.
We have said that the gendarmes must not ever resolve to flee, I say now that the chevaux légers are require to. For then a general, for any consideration, doesn’t want to hazard the battle, they must flee if hundred against ten, in order to avoid engaging, but when the general wants to fight, ten must attack hundred, that’s mean it is necessary to engage the enemy in combat. 
The carabin kave been establised to open the fighting, to follow the victory, for retreats, and for skirmishing, they are named carabins by the Spaniards who were the instigators. "Cara" ie face in Spanish, and "binus, bina, binum", which means double, which looks like two faces, because of the way they fight, sometimes elusive, sometimes turning the head as Parthian. 
The soldiers will wear gowns of the same color as their ensign and guidon. Chevaux légers must arm to crud (?) and carabins will have mandilli the same color of the cornette to follow.
For baggage gendarmes can lead wagon, Cart, and mules. But the chevaux légers must not have baggage that can’t follow at a gallop. 
It is necessary that the king maintained in each company, ever gendarmes and chevaux légers, a good maître Harquebusier to repair weapons, which would always got a horse for his tools, and springs, spinning wheels and arquebus’stones and other things necessary for his job. Even captains should bring much harquebuses, escopetas and pistols for those who have lost theirs or broke them, as it happens quite often. 
As for how to fight our cavalry, it was finally recognized that it is better for them to charge in small troops, rather than in large squadrons ; for each leader can respond of his soldiers, and can see from where come a fault, and that the alignment is easier ; however, an army general must only let fly his own ensign, the day of battle, so that its rallying will be stronger. The last Marshal Biron, when he had one hundred horses, used to divide them into three troops, one not fighting without great need, and remained firm on the right hand to hold the enemy in check."

From "La Milice française, contenant plusieurs belles et notables instructions sur ce qui doit être observé à bien ordonner des batailles, dresser des bataillons, situer places et forteresses, et le moyen de les attaquer et défendre", de Messire Louis de Montgommery, seigneur de Courbouson, et dédié au roi. A Paris, 1636. (BNF)

(Below : french cavalryman and carabins by JOB)


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