mercredi 17 avril 2013

Le matin de Rocroi - The morning of Rocroi - 19 mai 1643





Le matin de Rocroi selon le baron de Sirot :

On résolut donc d'en venir en un combat général, en cas que les ennemis y voulussent entendre, et qu'ils ne levassent point le siège à l'arrivée, de nos troupes. On disposa donc tontes choses pour la bataille, et on en fit la distribution. Le sieur de Gassion commanda l'aile droite; le sieur de La Ferté-Senneterre l'aile gauche. Le duc d'Enghien, le maréchal de L'Hôpital, le sieur d'Espenan et le sieur de La Vallière étaient en la bataille  et moi j'eus le commandement du corps de réserve qui était composé de deux mille hommes de pied et de mille chevaux. (...)
Aussitôt que le duc d'Enghien et nos officiers généraux furent sortis hors de ce passage, ils disposèrent leur armée en ordre de bataille, ainsi qu'ils étaient convenus, et marchèrent jusqu'à une certaine plaine qui était voisine du lieu où les ennemis étaient en bataille. Ils avaient laissé la place derrière eux à une portée de canon, et les deux armées ne se trouvèrent éloignées l'une de l'autre que de deux portées de mousquet, et elles y demeurèrent tout le jour; mais ce ne fut pas sans de grandes escarmouches, et le canon fit grand bruit de part et d'autre. Toutefois, celui des ennemis fit beaucoup plus de dommage à notre année qu'ils n'en reçurent du nôtre ; car, outre qu'il était mieux placé il était bien mieux servi, et leurs canonniers étaient plus experts et plus adroits que les nôtres, car il y eut ce jour là plus de deux mille de nos soldats hors, de combat ou de tués, tant d'infanterie que de cavalerie.
La nuit fut plus favorable à notre armée que le jour : elle nous donna un peu de relâche, et nos officiers généraux redressèrent notre première ligne, et la remirent en son ordre ; car le marquis de La Ferté avait séparé l'aile gauche qu'il commandait de plus de deux mille pas du corps de la bataille, ce qui pensa causer la perte du combat; et si les ennemis eussent chargé nos troupes ainsi qu'ils le devaient, ils les auraient battues ; et ni le corps de bataille, ni moi avec le corps de réserve, nous ne les aurions pu secourir.
Mais le 19 mai, à la pointe du jour, l'armée des ennemis se trouva en même disposition que la nôtre, et parut avoir dessein d'en venir à un combat général; si bien que nos soldats ayant couché en bataille sur leurs armes, ils n'eurent qu'à se lever, souffler leur mèche et la mettre sur le serpentin pour faire leurs décharges sur les ennemis; et comme leur dessein était semblable au nôtre, leurs troupes se trouvèrent aussi en même disposition. La bataille commença donc à quatre heures du matin. 

The morning of Rocroi according to Sirot :

Thus it was decided that we would give battle if the enemy should resist and if the siege was not lifted at the arrival of our troops. Plans were laid for the battle to come and the battle array and the role of each was determined. Mr de Gassion would command the right flank, Mr de la Ferté-Senneterre, the left. The Duc d’Enghien, Maréchal de l’Hôpital, Mr d’Espenan and Mr de la Vallière were in the centre, and I was in command of the reserve consisting of two thousand infantry and a thousand cavalry.
As soon as the Duc d’Enghien and our generals passed safely through this point, they placed their forces in array, as had been decided, and they marched to a certain plateau which was close to the place where the enemy was lined up for battle. The town was behind them within range of cannon fire, and the two armies were only at a distance of two musket ranges from each other, and they remained thus for the entire day; but this was not without large skirmishes, and the cannon made much noise on all sides. Nevertheless, that of the enemy caused much more damage to our army than they received from us; for, besides the fact that it was better placed, it was also much better used, and their gunners were more expert and more skilful than ours. As a result, on that day, more than two thousand of our soldiers were killed or wounded in both the infantry and the cavalry.
Night was more favourable to our army than day; it gave us some respite, and our generals reorganised and strengthened our front line; for the Marquis de la Ferté had separated the left flank, which he commanded, by more than two thousand paces from the battle corps, which could have caused the loss of the battle. If the enemy had charged our troops, as they should have done, they would have defeated them. And neither the battle corps, nor I with the reserve, would have been able to assist them.
However, on May 19th, at daybreak, the enemy’s army was still in the same position as ours, and seemed to be prepared for full combat. Indeed, our soldiers having slept in battle order with their weapons, they had only to rise, blow on their fuses, place them on their cannon and fire upon the enemy. And since their intentions were the same as ours, their troops found themselves in the same position. The battle began at four o’clock in the morning.


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