mercredi 11 juillet 2012

Zaporozhians cossacks at Zolte Wody, 1648

In the years 1648-54, the Polish have to face a Zaporozhian cossack rebellion, under Bohdan Chmelnitsky. Here is a french text, translated from Ukrainian manuscripts.

Dans les années 1648 à 1654, les Polonais font face à une rébellion de Cosaques zaporoques, sous Bogdan Chmeltizki. Voici deux relations concernant les victoires Cosaques de l'année 1648, traduites de manuscrits de Kiev.

Ci-dessus : Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie. Tableau de Ilya Repine (1880-91).



L’an 1647, Vladislav, roi de Pologne, répondit à Barabasch, aide-de-camp de la troupe des Cosaques, sur ses très humbles remontrances au sujet des cruautés inouïes que commettaient les Polonais sous sa propre signature et sous son sceau : Si vous êtes de braves Cosaques, vous avez encore le sabre et de la force, défendez-vous.
Bogdan Chmelnizki sorti de sa prison, surprit cette signature et la lettre du roi écrite à Barabasch, et se sauva avec ces lettres dans la setsche des Cosaques-Saporogues, le 7 décembre. Après avoir ameuté ses camarades, ils se jetèrent sur tous les Polonais qui se trouvaient alors dans la setsche et les massacrèrent.
Cette même année, Paul Pototski, hettman de la couronne et castellan, envoya son fils Etienne avec six mille Polonais en la Petite-Russie. Ce jeune prince, après avoir reçu le serment de Barabasch, lui conféra la place de hettman de la Petite-Russie ; il leva tout de suite les six mille Cosaques enregistrés, et les envoya vers les cataractes du Dniepr pour faire la guerre au parti de Chmelnizki, qui s’était soulevé contre la Pologne. Chmelnizki de son côté envoya des députés aux Cosaques du Don, et les pria de lui envoyer des Cosaques enregistrés.
Il engagea en même temps le Khan de la Crimée, mécontent de ce que les Polonais lui avaient de nouveau refusé de payer le tribut auquel ils s’étaient soumis, à venir à son secours.
L’an 1648, le 2 mai, il se donna une bataille auprès de Schelda-woda, entre le fils de Pototzki et Barabasch d’un côté, et Chmelnizki de l’autre. Les Polonais y furent défaits ; Pototzki et Barabasch, ainsi qu’un très grand nombre de Cosaques qui étaient sous le commandement de celui-ci, furent tués, les autres faits prisonniers.
Les Polonais instruits de cette défaite, envoyèrent le hettman de la Couronne Pototzki avec Calinovski et une grande armée de Polonais contre les Cosaques. Ils prirent leur chemin par les déserts vers Korsun, et s’avancèrent contre l’armée des Cosaques, forte de huit mille hommes etde six mille Tartares, sous les ordres de Chmelnizki leur chef. Aussitôt que les Tartares virent les Polonais, ils commencèrent à crier : Alla ! alla ! à Nasiki, Nasiki tur, tur ! allons combattre les infidèles, les voici arrivés. Chmelnizki avec ses Cosaques attaqua l’armée des Polonais, et les défit entièrement après un combat des plus furieux ; il fit Potozki prisonnier avec plusieurs autres nobles Polonais, dont il fit présent aux Tartares qui les emmenèrent dans leurs hordes.
Après cette victoire l’armée de Chmelnizki s’augmenta considérablement ; il la divisa en régiments, il donna à chacun un ancien pour le commander.
(…) Dans cette même année, Bogdan Chmelnizki se saisit de cinquante canons que les Polonais avaient placés dans la forteresse de Barasa ; il s’empara des villes de Lvof et de Samostie, exigea des sommes considérables des nobles pour les exempter d’être prisonniers de guerre, et se retira avec ces richesses en Ukraine.
(…) Les polonais envoyèrent à Chmelnizki, en qualité d’ambassadeurs, Kisieli, voïvode de Kiow, et le prince Tschetwertinski avec leurs aides-de-camp pour lui apporter plusieurs présents ; savoit, une pelisse de petit-gris, un bâton de commandement, une queue de cheval, la confirmation de la dignité d’hettman des Cosaques-Saporogues.
(…) L’an 1650, Chmelnizki divisa tous les Cosaques en quinze régiments, ayant chacun leur colonel. Il fit dresser un état des hommes enregistrés dans chaque régiment, et en envoya copie au roi de Pologne. Voici les quinze régiments et les noms de leurs colonels. Outre ces Cosaques enregistrés, il y eut un nombre infini de volontaires.


Source : Abrégé de l’Histoire des Hettmans des cosaques, traduite par Jean-Benoit Scherer, d’après les Manuscrits conservés à Kiow (Kiev). Paris, 1788.

L’an 1647, les Polonais entrèrent en correspondance avec Baradasch, et tramèrent avec lui l’horrible projet de massacrer tous les Cosaques-Saporogues.
Ce hettmann avait pour premier secrétaire Bogdan Chmelnizki, autrefois centurion (sotnik), & envoyé des Cosaques auprès du roi et de la république de Pologne. Celui-ci instruit de ce qui se passait pria le hettmann à dîner, et l’ayant enivré, il se saisit de toute sa correspondance. Muni de ces importantes pièces, il s’adresse aux Cosaques-Saporogues, et leur fait voir que les Polonais se disposaient à les exterminer. À cette nouvelle tous les Cosaques se soulevèrent, rassemblèrent toutes leurs forces, et se joignirent aux Tartares des déserts, qui avaient pour chef Toghai-Beg, gouverneur de Perekop.
L’an 1648, ils rencontrèrent l’armée Polonaise à laquelle étaient réunis ceux des Cosaques qui avaient mieux aimé suivre le parti de Barabasch que celui de leur patrie. l’armée Polonaise, sous les ordres de Nicolas Pototzki, castellan de Cracovie et maréchal de l’armée de la Couronne, était postée sur le bord du Scheskoi, petite rivière qui vient de la Pologne, et tombe dans la Petite-Ingulez. Ce fut là qu’on en vint aux mains. Les Cosaques-Saporogues, aidés des Tartares, battirent si bien les Polonais, que ceux-ci perdirent tout leur bagage, et que la dixième partie de leur armée put à peine échapper à la mort. Les généraux Potozli et Schemberg furent blessés, et le premier le fut si grièvement, qu’il mourut en chemin. Le troisième général Polonais Sapieha fut fait prisonnier. Les Cosaques-Saporogues amassèrent tant de richesses en or et argent sur le champ de bataille, qu’ils négligèrent les habitset les effets des morts.
Après une défaite si complète, les troupes du hettman Barabasch ayant quitté le parti Polonais, se joignirent aux Cosaques-Saporogues, et Bogdan Chmelnizki fut unanimement élu hettman.
En 1650, le hettman des Cosaques pouvait assembler en un moment une armée de plus de quatre-vingt mille hommes, chaque Cosaque enrôlé prétendant avoir un valet  à cheval, un à pied, & un autre pour le labourage.
Quelques coutumes des Cosaques-Saporogues et des Cosaques de la Petite-Russie :
Les Cosaques-Saporogues portaient pour marque distinctive une queue sur le sommet de la tête, grosse à peu près comme un tuyau de plume ; tout le reste de la tête était rasé. (…) Lorsque les Cosaques sont en marche, ils se retranchent avec leurs chariots, et sont si forts derrière ce retranchement ambulatoire, qu’ils appellent tabor, et qui est absolument nécessaire dans les plaines désertes, où les Tartares courent toujours, que mille Cosaques ainsi  couverts font tête à six mille de ces Infidèles qui ne descendent guère de cheval, et sont arrêtés par un fossé ou par la moindre barricade. il serait malaisé en tout autre pays qu’en celui-ci de faire marcher ainsi une armée au milieu de ses chariots, n’y ayant guère au monde de pays plus uni que celui-là.

Source : Annales de la Petite-Russie ou Histoire des Cosaques-Saporogues, traduite par Jean-Benoit Scherer, d’après les Manuscrits conservés à Kiow (Kiev). Paris, 1788.

2 commentaires:

  1. tres bonne et saine lecture. TRes instructif. Merci Stephane

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  2. Avec plaisir ! Il faut maintenant que je trouve le temps de mettre en ligne une autre version pour clore ce dossier...

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